Filtrer
Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
Éditeurs
Formats
République des Lettres
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henry David Thoreau. Longtemps considéré comme un apôtre de la désobéissance civile, ou tout simplement comme un anti-conformiste, Henry David Thoreau (1817-1862) est aujourd'hui compté parmi les plus grands auteurs américains du XIXe siècle. Après la publication de son célèbre Walden, où la vie dans les bois, il tient de nombreuses conférences dont les textes sont ensuite repris, développés et transformés en essais. C'est le cas de la conférence sur Les droits et devoirs de l'individu par rapport au gouvernement, initialement publiée en 1849 sous le titre de Résistance au gouvernement civil, puis rebaptisé à titre posthume en 1866 La Désobéissance civile par son éditeur. Thoreau rédige ce texte après une nuit passée en prison car, reprochant à l'Etat américain de soutenir l'esclavage des États du Sud et de mener une guerre injuste contre le Mexique pour annexer le Texas, il refuse symboliquement de payer ses impôts. Texte fondateur des concepts de désobéissance civique et de non-violence politique, l'ouvrage affirme le droit inaliénable de tout individu a s'opposer à la loi dès lors qu'il la juge injuste ou dangereuse, et prône la résistance passive en tant que moyen de protestation. Il a depuis sa publication influencé de nombreux mouvements de résistance pacifistes et diverses personnalités comme le Mahatma Gandhi et Martin Luther King. Il reste plus que jamais actuel.
-
«Entre tous les exploits des hardis conquistadores, celui qui fit la plus forte impression sur moi fut le voyage de Ferdinand Magellan, qui partit de Séville avec cinq pauvres cotres pour faire le tour de la terre - la plus magnifique odyssée, peut-être, de l'histoire de l'humanité que ce voyage de deux cent soixante-cinq hommes décidés dont dix-huit seulement revinrent sur un des bâtiments en ruines, mais avec la flamme de la victoire flottant au sommet du grand mât. [...] En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d'après les documents qu'il m'a été donné de rassembler, j'ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j'aurais inventée, d'exprimer l'un des plus grands rêves de l'humanité. Car il n'y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l'histoire, il y a toujours, parce qu'ils s'élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d'incompréhensible; mais ce n'est que grâce aux exploits incroyables qu'elle accomplit que l'humanité retrouve sa foi en soi.» - Stefan Zweig
-
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
- République des Lettres
- 25 Février 2019
- 9782824904849
Publié en 1755, le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" est le second essai philosophique de Jean-Jacques Rousseau. Dans ce texte célèbre, sur lequel repose toute une partie de la littérature politique moderne, le philosophe établit les fondements de sa doctrine sur l'homme et la société en affirmant que tous les maux et les misères, causes de l'inégalité parmi les hommes, découlent uniquement de l'état social. Les contemporains de Rousseau virent dans cet ouvrage un réquisitoire implacable contre les institutions sociales et politiques de leur temps. Il contient en germe les éléments de la thèse que Rousseau soutiendra plus tard dans le "Contrat Social".
-
Durant les hivers 1915-16 et 1916-17, Freud donne une série de conférences à la faculté de médecine de Vienne. Indice de la popularité croissante de la psychanalyse à l'époque, ces conférences, publiées en volume et bientôt traduites dans une quinzaine de langues, connaîtront un grand retentissement dans le monde entier. Un siècle plus tard, le succès de ce livre-source de la psychanalyse et du freudisme, ne se dément toujours pas. "L'Introduction à la psychanalyse" comprend trois groupes de leçons: les quatre premières - qui reprennent en partie la matière de "Psychopathologie de la vie quotidienne" - concernent les actes manqués. Dans le chapitre introductif, Freud y fait alterner avec brio le sérieux et l'humour, la rigueur et la dérision, afin de présenter sa nouvelle science à un public qu'il considère mal informé, voire en partie hostile. Il s'attarde notamment sur la distinction entre médecine et psychanalyse: "Le traitement psychanalytique ne comporte qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin", assène-t-il. Il aborde ensuite les deux grandes difficultés qui attendent les analysants: l'essentiel des processus psychiques sont inconscients et la sexualité y joue un rôle majeur avec ses divers phénomènes de pulsions, de résistances, de refoulements et de sublimations. Les onze leçons suivantes - synthèse récapitulative de l'ouvrage pionnier "L'Interprétation du rêve" - sont consacrées au rêve et à la connaissance nécessaire de son imposant corpus de symboles lorsque la technique de l'association libre n'opère pas. Enfin les treize dernières sont regroupées sous le titre de "Théorie générale des névroses" et marquent une étape importante dans le développement théorique freudien qui sera poursuivi par la suite à travers les études sur la libido, l'inhibition, l'angoise ou encore le narcissisme. Le dernier chapitre est consacré à la thérapeutique analytique, soulignant tant les préjugés auquels elle doit faire face que les abus auquels elle peut donner lieu, du fait notamment de la manipulation du transfert.
-
«Écrire l'histoire de Marie-Antoinette, c'est reprendre un procès plus que séculaire, où accusateurs et défenseurs se contredisent avec violence. Le ton passionné de la discussion vient des accusateurs. Pour atteindre la royauté, la Révolution devait attaquer la reine, et dans la reine la femme. Or, la vérité et la politique habitent rarement sous le même toit, et là où l'on veut dessiner une figure avec l'intention de plaire à la multitude, il y a peu de justice à attendre des serviteurs complaisants de l'opinion publique. On n'épargna à Marie-Antoinette aucune calomnie, on usa de tous les moyens pour la conduire à la guillotine; journaux, brochures, livres attribuèrent sans hésitation à la «louve autrichienne» tous les vices, toutes les dépravations morales, toutes les perversités; dans l'asile même de la justice, au tribunal, le procureur général compara pathétiquement la «veuve Capet» aux débauchées les plus célèbres de l'Histoire, à Messaline, Agrippine et Frédégonde.» - Stefan Zweig.
-
En 1934, après avoir achevé la rédaction de "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale", Simone Weil, à l'époque professeur agrégée de philosophie et militante syndicale et politique (plus anarchiste que marxiste), décide de prendre un congé de l'éducation pour «études personnelles». Dans le cadre de sa réflexion, elle porte en effet son attention sur les conditions de vie, de travail et de développement des ouvriers et souhaite faire l'expérience directe de l'usine. Elle s'engage d'abord comme manoeuvre à l'usine Alsthom, puis devient fraiseuse chez Renault. C'est de cette expérience vécue de deux années (1934-1935) qu'elle rend compte dans "La Condition ouvrière". L'ouvrage est composé de son «Journal d'usine», où elle consigne au jour le jour ses observations, son travail, ses rencontres, ses horaires, ses gains, ses souffrances morales et physiques, et d'un riche ensemble de textes et de lettres où elle dégage la philosophie et la morale de cette expérience. "La Condition ouvrière" est un document brut, sans lyrisme ni sentimentalité, où s'affirme la soif d'attention au présent et la position éthique fondamentale de Simone Weil, celle d'être toujours du côté des opprimés.
-
"Le Gai Savoir" - ou la «gaya scienza» en référence à la poésie des troubadours, synthèse de chant, de chevalerie et de liberté d'esprit - est un livre d'aphorismes dans lequel «la profondeur et la malice se tiennent tendrement par la main» selon Nietzsche lui-même. L'amour de la vie y est ici compris comme une coïncidence de soi avec le destin ("ego fatum"), comme un "amor fati" interdisant même «d'accuser les accusateurs». Tout y relève de cette tonalité sentimentale que Nietzsche attribuait à Épicure, le philosophe qui trouva le bonheur bien qu'il souffrit toute sa vie. Comme dans "Ainsi parlait Zarathoustra", la pensée centrale de «L'Éternel Retour» y est présentée par une voix démoniaque: «Cette araignée aussi reviendra, ce clair de lune entre les arbres, et cet instant, et moi aussi !» "Le Gai Savoir" est l'un des meilleurs livres de Nietzsche.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Albert Londres. Figure incontournable du grand reportage écrit du XXe siècle, défendant souvent des causes de justice sociale, Albert Londres a sillonné le monde pour les grands journaux de son époque et marqué plusieurs générations de journalistes contemporains. Après avoir décrit l'enfer de l'enfermement dans les retentissants "Au bagne" et "Dante n'avait rien vu", le journaliste s'attaque en 1925 à l'univers alors méconnu des hôpitaux psychiatriques. Pour le "Petit Parisien" il se rend dans plusieurs asiles d'aliénés afin de décrire les conditions de vie des malades mentaux qui y sont enfermés. Il visite les établissements, s'entretient avec le corps médical et les patients, dénonce les scandales sanitaires et les mauvais traitements, et dresse finalement en une douzaine d'articles un très lucide et très pertinent état des lieux de la psychiatrie et de la condition faite aux fous par la société de l'époque. Le journaliste n'hésite pas à exprimer aussi un point de vue politique radicalement humaniste sur ce monde de la folie et de la santé publique dans la France de l'entre-deux guerres.
-
L'"Éthique à Nicomaque", composé de dix livres, est l'un des principaux ouvrages exposant la philosophie morale d'Aristote, laquelle demeure en substance la plus significative expression de la morale grecque. Nicomaque, fils d'Aristote, lui donne son nom en tant que premier éditeur des manuscrits. Critiquant la conception platonicienne des Idées, qui préconise le «bien en soi», Aristote traite ici de ce qui doit selon lui guider l'homme dans toutes ses actions, à savoir le bonheur, sens ultime de la vie humaine. Le bonheur, dit-il, est l'exercice de cette activité propre à l'homme qu'est l'usage du «logos» (la raison, l'intelligence), mais sans toutefois exclure la jouissance des plaisirs sensibles. Sur cette base, il développe une théorie des vertus humaines qu'il divise en vertus dianoétiques, relevant de la partie intellectuelle de l'âme, et vertus éthiques, relevant plus du caractère et des sentiments. La vertu aristotélicienne, caractérisée par un juste milieu entre les passions et facultés opposées de l'âme, concilie ainsi tout à la fois des exigences spiritualistes et eudémonistes. Le livre III est consacré à définir ce qu'il y a de volontaire et d'involontaire dans l'action de l'homme, rejetant la thèse selon laquelle «personne n'est volontairement mauvais» et concluant que la vertu comme le vice résident en notre seul pouvoir. Le livre VII traite de l'intempérance et du plaisir, les livres VIII et IX de l'amitié et de l'amour, désignés sous le même nom. Le livre X reprend enfin le problème du rapport entre le plaisir et la vertu, et conclut que le plaisir procède d'une perfection de l'acte, survenant «comme la beauté pour qui est dans la fleur de l'âge». L'"Éthique à Nicomaque" est une continuelle oscillation entre l'eudémonisme humaniste et l'intellectualisme éthique.
-
Alain est d'abord un professeur, dont la popularité ainsi que l'influence sur la philosophie et sur l'enseignement de la philosophie en France, ne sont guère comparables au XXe siècle qu'à celles de Henri Bergson, ou autrefois à celles de Jules Michelet ou d'Edgar Quinet. Mais il dédaigne les éclats des maîtres romantiques, et il ne possède, pour s'imposer comme un Bergson, ni l'aisance mondaine ni même une doctrine originale. Un robuste rationalisme, un kantisme étrangement promené à travers d'infatigables observations de choses et de gens, et corrigé par ses observations, voilà toute la philosophie d'Alain. Mais Alain est-il un philosophe ? Bien plutôt un éveilleur d'esprits. Il n'a pas de système à proposer, mais seulement la constante et infiniment diverse leçon de défiance à l'égard des opinions communes et des idées toutes faites.
-
Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, «est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir». Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
-
Jacques le Fataliste et son maître
Denis Diderot
- République des Lettres
- Classiques Pocket
- 28 Décembre 2020
- 9782824905808
Roman et dialogue philosophique, "Jacques le Fataliste" est un longue conversation entre un brave valet, Jacques, et son maître, tous les deux personnages errants toujours prêts à philosopher à bâtons rompus sur la vie humaine. Ils nous sont bien présentés au début de leur voyage, mais nous ne savons finalement pas grand chose d'eux. Ils ne semblent en tout cas pas pressés, s'arrêtant volontiers au bord du chemin, revenant sur leurs pas, et tentant toutes les aventures qui se présentent à eux. Tout en cheminant, Jacques raconte sa vie et ses amours à son maître. Il a son franc-parler et des opinions tranchées. Il proclame en particulier que tout ce qui arrive est déjà écrit dans le grand registre du destin et que la vie est un enchaînement de forces que l'homme n'a que l'illusion de commander. Il n'hésite pas à reprendre et à sermonner son maître qui lui oppose sans cesse ses propres réflexions et raisonnements contraires en toutes choses. Plusieurs récits divers et variés relatant les aventures de Jacques se détachent du dialogue: l'histoire des amours de Mme de La Pommeraye et du marquis des Arcis (adapté récemment au cinéma par Emmanuel Mouret sous le titre de "Mademoiselle de Joncquières"), la romanesque histoire d'un moine défroqué (prétexte, après "La Religieuse", à une nouvelle diatribe anticléricale de Diderot), ou encore la vie et les aventure d'un certain M. Desglands. Le dialogue entre les deux hommes se poursuit, interrompu par des incidents, des rencontres, des sautes d'humeur, et même parfois par les interventions directes de l'auteur qui réfléchit tout haut sur la conduite de ses personnages jusqu'à ce qu'il décide d'y mettre arbitrairement un terme. "Jacques le Fataliste", avec son mélange des genres, la truculence de ses scènes, le comique des situations et la vivacité de la narration, n'est pas sans rappeler les chefs-d'oeuvre de Sterne, Voltaire, Cervantes et Rabelais.
-
La vie de Paul Lafargue se confond avec la naissance du Socialisme en France et les luttes de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière) dont il est, au même titre que Jules Guesde ou Jean Jaurès, l'une des grandes figures. Après avoir épousé la deuxième fille de Karl Marx, Laura, il achève ses études de médecine et se lance à corps perdu dans le combat politique: organisation de l'Internationale Ouvrière en France et en Espagne, lutte contre les partisans de Mikhaïl Bakounine, tentative pour soutenir en province la Commune de Paris (1871). Il écrit de nombreux articles, publie des brochures de circonstance et traduit les ouvrages de Karl Marx et de Friedrich Engels. C'est en 1880, dans le journal "L'Égalité", qu'il publie en plusieurs livraisons son célèbre "Droit à la paresse". Ce pamphlet anti-capitaliste est une réponse à un ouvrage de Louis Blanc sur le "Droit au travail" de 1848. Pour Paul Lafargue, le droit au travail n'est en réalité qu'un droit à la misère. Violente désacralisation du travail et de la consommation, éloquent éloge du loisir et de l'oisiveté, ce manifeste de haute philosophie sociale détonne par son ton libertaire dans la sévère et rigide littérature socialiste de l'époque.
-
Les grands cimetieres sous la lune
Georges Bernanos
- République des Lettres
- 17 Février 2019
- 9782824904832
Publié en 1938 pour dénoncer la répression franquiste de la Guerre d'Espagne, ce pamphlet est aussi un livre charnière dans l'oeuvre de Bernanos. Alors que dans "La Grande peur des bien-pensants" l'écrivain alors farouchement nationaliste et antisémite défendait ses amis politiques (Edouard Drumont, Charles Maurras, Henri Massis,...), il instaure ici le procès «spirituel» de ce courant d'idées et dénonce la collusion entre catholiques et franquistes, s'en prenant non seulement au général Franco mais aussi à tous les «bien-pensants» de l'Église, de Paul Claudel à la Cour de Rome en passant par les prêtres républicains français et les prêtres phalangistes espagnols. Pour Bernanos, il y a derrière la Guerre d'Espagne une imposture religieuse majeure, une rupture entre l'Église de Dieu et les pauvres, une perte de l'idéal chrétien remplacé par la haine sociale et la tyrannie politique qui signe in fine la mort de la chrétienté. D'apostrophes polémiques passionnées en attaques d'une violence verbale inouïe, "Les Grands cimetières sous la lune", présenté par l'auteur comme «le témoignage d'un homme libre», brûle d'amour et de justice.
-
Les rêveries du promeneur solitaire
Jean-Jacques Rousseau
- République des Lettres
- 18 Février 2022
- 9782824906676
Après les "Confessions" et "Rousseau juge de Jean-Jacques", le philosophe rédige entre 1776 et 1778 ces "Rêveries d'un promeneur solitaire" avant de finir ses jours chez René-Louis de Girardin au château d'Ermenonville. Ébauchées au jour le jour sur des cartes à jouer avant d'être composées et structurées en dix «promenades» - la dernière restant inachevée -, elles ne furent publiées de façon posthume qu'en 1782, à Genève, par trois amis de l'auteur. Les dix «Rêveries» sont autant d'introspections après un épisode intensément paranoïaque et solitaire de la vie de J.-J. Rousseau. Autobiographiques, elles relatent les principaux moments de son existence sur terre, entre autres son séjour heureux au lac de Bienne, ses travaux botaniques, ses rencontres marquantes, l'abandon de ses enfants, tout en méditant sur des questions philosophiques fondamentales: l'être, la souffrance, la mort, l'amour, le bonheur, la nature, la morale, la religion, la société, la misanthropie,... Pressentant sa mort prochaine, l'auteur du "Contrat social" et de la "Nouvelle Héloïse" y médite sur la vie en se promenant, en herborisant et en contemplant la nature, ne trouvant que dans la rêverie sa seule consolation efficace. Véritable chant intérieur, "Les Rêveries du promeneur solitaire" ont influencé de nombreux grands penseurs et écrivains, de Goethe à Chateaubriand en passant par Victor Hugo, George Sand, Lamartine et tous les poètes romantiques. De toutes les oeuvres de Jean-Jacques Rousseau, c'est sans doute celle qui reste aujourd'hui la plus proche de nous.
-
Militante révolutionnaire libertaire, féministe et franc-maçonne, Louise Michel (1830-1905) est l'une des figures majeures du mouvement anarchiste français. De son enfance dans un château en Haute-Marne à la Commune de Paris, de sa vocation d'enseignante à sa déportation dans les geôles de Nouvelle-Calédonie, de sa lutte infatigable pour la défense des opprimés à l'agitprop du drapeau noir de l'Anarchie, de sa correspondance avec Victor Hugo aux minutes des procès iniques que la République bourgeoise lui intente, celle que les journaux de l'époque surnomment "la Vierge Rouge" évoque ici, dans un style profondément vivant, ses convictions politiques et les souvenirs de sa vie. Document incontournable de l'histoire politique et sociale du XIXe siècle français, ces admirables Mémoires de Louise Michel sont encore et toujours d'actualité.
-
Le rire a une fonction sociale selon Henri Bergson. L'auteur de "L'Énergie spirituelle" fonde sa théorie sur une analyse très fine des différentes catégories du comique: comique des formes, des mouvements, des situations et des mots, des caractères enfin. Un chapitre entier est consacré à ce dernier comique, avec des exemples empruntés surtout au théâtre, qui est le lieu où le comique apparaît à la fois comme une forme de l'art et comme une fonction de la société. Contrairement au drame, qui pénètre en nous par l'analyse de ce que nous sommes en chacun de nous, la comédie extrait de l'humain des types généraux qui nous font rire par leur spectacle et nous rappelle à la règle commune de la vie dans la société. "Le Rire, Essai sur la signification du comique" est l'un des meilleurs livres de Bergson. Son intérêt est à la fois esthétique et philosophique. Son idée du flux de la vie réelle, qui échappe à la connaissance conceptuelle, annonce déjà son futur essai sur "L'Évolution créatrice".
-
«Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas des hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l'emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, - ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés. Si donc, réellement, comme le disait déjà Napoléon, la politique est devenue « la fatalité moderne », nous voudrions essayer, pour nous défendre, de découvrir les hommes qu'on trouve derrière cette puissance et ainsi le redoutable secret de leur pouvoir. Je présente donc l'histoire de Joseph Fouché comme une utile et très actuelle contribution à la psychologie de l'homme politique.» - Stefan Zweig
-
Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
- République des Lettres
- 10 Août 2024
- 9782824907765
Écrite en 1940, publiée à titre posthume en 1950, cette brève "Note sur la suppression générale des partis politiques" offre une analyse politique pénétrante de Simone Weil sur les partis politiques. Pour l'auteure de "La Condition ouvrière", les partis politiques sont d'abord des machines à fabriquer des passions collectives, ce qui ne répond pas au besoin de démocratie qui doit dépendre avant tout de la volonté humaine. Leur véritable objectif, mortifère pour le bien commun sous couvert d'une illusion démocratique, est de générer sans limite leur propre croissance en aliénant la raison de leurs membres. «La tendance des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre», affirme-t-elle. Elle suggère la mise en place d'un autre système d'organisation, fondé sur des revues et des groupes d'écriture, sans candidats à présenter aux élections. Les mérites de ce point de vue radical ont été défendus entre autres par André Breton pour qui ce pamphlet relève d'une nécessaire «entreprise de désabusement collectif». Le texte est suivi d'une biographie de Simone Weil.
-
«Tout esprit créateur est inévitablement amené à entrer en lutte avec son démon, et c'est toujours un combat passionné, héroïque, le plus magnifique de tous les combats. Souvent cette lutte grandiose et mystérieuse dure toute une vie. Elle prend sa forme visible dans l'oeuvre de l'artiste, où vibre le souffle ardent des noces de l'esprit et de son éternel séducteur. C'est chez le créateur qui lui a succombé que le démon réussit à se dégager de l'ombre, devient verbe et lumière; c'est chez lui que s'affirment le plus nettement ses traits passionnés. [...] Nietzsche est de cette race prométhéenne qui force les cadres, brise les barrières de la vie et se détruit elle-même dans la passion et l'excès. [...] Il parle même encore en lui lorsque ces lèvres sont muettes, quand son cerveau est éteint, quand son corps est mourant; jamais l'hôte effroyable qui l'habite n'est plus visible qu'au moment où son âme se déchire, écartelée par l'excès de souffrance, et que la vue y plonge par la déchirure jusque dans les profondeurs les plus intimes.» - Stefan Zweig.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Pierre Kropotkine. Mathématicien et géographe russe, Pierre Kropotkine (1842-1921) se rapproche des milieux anarchistes et nihilistes au début des années 1870. En 1872, au cours d'un voyage en Suisse, il adhère à la Fédération jurassienne de la Première Internationale et se rallie au groupe révolutionnaire de Mikhaïl Bakounine, qui s'oppose alors à Karl Marx. Rentré en Russie, le futur auteur des Mémoires d'un révolutionnaire commence à militer activement et devient un théoricien de l'Anarchie. Fondateur en 1879 du journal anarchiste Le Révolté, il appelle à l'action violente et au recours au terrorisme. Arrêté à la suite des grèves des soieries lyonnaises de 1882, il est condamné et incarcéré à la prison de Clairvaux. Il y passe trois ans avant d'être amnistié grâce à l'intervention de plusieurs personnalités, dont celle de Victor Hugo. Il s'exile alors à Londres, où il vivra jusqu'en 1917, s'adonnant aux sciences, à la politique et à la littérature. Il publie de nombreux ouvrages qui exposent son système philosophique fondé sur la théorie de l'évolution ainsi que ses idées sur l'Anarchisme. Dans son essai La Morale anarchiste, publié à Paris en 1889, il rejette radicalement les morales religieuses et sociales traditionnelles. Pour Kropotkine, il faut en effet abolir toute forme de gouvernement et d'institution étatique en faveur d'une société qui serait exclusivement régie par l'entraide et la coopération volontaire de ses membres. Pour parvenir à cette société communiste idéale, la révolution doit d'abord passer par une phase de libération sociale et de collectivisme libertaire. "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins", résume ses principes.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Élisée Reclus. Grand voyageur ami d'Alexandra David-Neel, éminent géographe auteur d'une Nouvelle géographie universelle en 19 volumes, écologiste et féministe avant l'heure, Élisée Reclus est aussi, avec ses amis Mikhaïl Bakounine et Pierre Kropotkine, l'un des grands penseurs de l'Anarchisme. Convaincu que l'anarchie est la plus haute expression de l'ordre, il ne cessera de propager cet Idéal toute sa vie, malgré ses années de prison et d'exil dûes à son engagement contre le régime de Napoléon III et à sa participation active à l'insurrection de la Commune. En juin 1894, alors que les milieux anarchistes subissent une sévère répression à la suite d'une vague d'attentats, il prononce une conférence à Bruxelles, devant les membres de la loge maçonnique Les Amis philanthropes. Loin de prôner la violence révolutionnaire, mais sans non plus dénoncer les poseurs de bombes, l'auteur expose magistralement ses théories sur l'Anarchie, resituant celle-ci dans une longue tradition de contestation de l'autorité et la posant comme une nécessité historique. Selon lui, de la Préhistoire à Proudhon en passant par la Grèce antique, la Renaissance et les Lumières, l'Anarchie est aussi ancienne que le pouvoir avec ses promesses de bonheur des peuples et sa morale fondée sur le tremblement religieux. Reclus démontre qu'elle n'est en rien une chimère d'énergumènes mais un mouvement inéluctable de la société dans son ensemble, et se réjouit de constater les signes de cette évolution: la mort de Dieu, l'irrespect croissant envers l'Etat, le développement de communautés libertaires, relevant que la science elle-même est anarchiste dans son principe. Le système actuel fondé sur le pouvoir et l'autorité étant intenable, Élisée Reclus est convaincu que le jour de l'Anarchie viendra.
-
Souvent comparé aux réflexions de Jules Michelet sur la nation, ou opposés à celles de Fichte pour ce qui est de la perception allemande sur le même sujet, "Qu'est-ce qu'une nation?" est resté le texte le plus célèbre d'Ernest Renan. Toujours actuel, ce chef d'oeuvre de rhétorique et de science politique a été prononcé lors d'une conférence donnée en Sorbonne en mars 1882. Il apparaît aujourd'hui comme le testament politique de ce maître à penser de la IIIe République. «J'en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin», écrira-t-il plus tard: "c'est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines, et, quand la civilisation moderne aura sombré par suite de l'équivoque funeste de ces mots: nation, nationalité, race, je désire qu'on se souvienne de ces pages-là.» S'interrogeant sur les fondements de l'identité nationale, l'auteur de la "Vie de Jésus" constate d'abord dans l'histoire des peuples l'existence d'un droit national à côté du droit dynastique. Développant son propos, il affirme ensuite que ni la race, ni la langue, ni la religion, ni la communauté d'intérêts, ni la géographie ne peuvent définir une communauté nationale. Pour Ernest Renan, «Une nation est une âme, un principe spirituel, [...], une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. [Son] existence est un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie.»
-
Publié à l'aube de l'ère chrétienne, "L'Art d'aimer" d'Ovide est un traité de séduction qui chante la vie de plaisir. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, l'auteur révèle à son élève lecteur qui souhaite plaire tout ce qu'il faut savoir pour chercher et entretenir les bonnes fortunes amoureuses et sexuelles. Puis, ayant jusque-là tout considéré du seul point de vue masculin, il s'adresse dans la troisième partie aux femmes pour leur enseigner à leur tour l'art de conquérir des amants et de varier les stratégies de séduction selon leur âge, leur caractère et le degré de leur passion. Mais il serait toutefois injuste de ne voir dans "L'Art d'aimer" qu'un simple manuel de libertinage. C'est aussi un tableau éclairé des moeurs romaines sous Auguste - qui veut alors restaurer la morale romaine et réagir contre l'adultère - et, avant tout, sous son apparence frivole, une profonde méditation sur le coeur humain. Le succès du livre ne se démentira pas au cours des siècles et fera d'Ovide un des maîtres de la pensée et de la sensibilité occidentales.