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Grasset
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Dans le nord de l'Ouganda, une unité spéciale des forces américaines est décimée par de paisibles villageois, soudain assoiffés de sang et animés d'une force surhumaine qui les rend insensibles à la douleur, aux blessures et à la peur. Seul le chef des opérations parvient à échapper, par miracle, à cette horde enragée...
Le colonel Jon Smith, le microbiologiste de la très secrète unité Covert-One, est dépêché sur les lieux pour mener l'enquête et tenter de percer le mystère de ces attaques sanguinaires. Il ne tarde pas à trouver la trace d'une infection parasitaire, apparue de façon sporadique au fil des siècles, causant chez les personnes contaminées de violents accès de démence. Mais cette fois, l'épidémie se propage de façon alarmante et trop ciblée pour être naturelle... -
"Dans Pékin ensevelie sous la matière noire d'un manteau de pollution, un homme parle. Cet homme est un savant. Il est climatologue. Pour nettoyer le ciel et fermer les centrales à charbon, pour repousser l'échéance mortelle d'une montée des eaux, il croit en la raison. Mais que peut la raison d'un homme lorsqu'autour de lui le monde est fou ?
Trahir, en apparence. Et commettre une folie.
Par passion amoureuse et par goût de l'argent, pour toutes ces raisons banales et mesquines qui font de lui un homme et non plus seulement un savant, cet homme renonce au confort des Lumières et accepte l'offre d'une milliardaire: préparer dans l'ombre du Parti communiste chinois la première manipulation grandeur nature du climat.
Cela pourra être tragique - l'équivalent, dans l'histoire, d'un Hiroshima ou d'un Nagasaki. Ou simplement glorieux, comme la mise sur orbite du premier Spoutnik. Dans tous les cas, s'emparant du ciel, la Chine sera grandie.
« Nous entrons dans une période de conséquences » écrivait Churchill en 1938. Pour lui aussi, nous dit-il, mais aussi pour vous, le temps des conséquences est venu." T.V. -
Au théâtre de la mémoire, les acteurs ont tous le même âge : celui d'une jeunesse que le souvenir a préservée. Et c'est miracle d'y suivre le petit Michel, enfant sage d'une famille fantasque, où l'on vit, avec la désinvolture de la vraie liberté, les passions, les élans, l'héroïsme ou l'imprévisible. A travers l'immédiat avant-guerre, l'Occupation, la Résistance et les années qui suivront. Michel va connaître le plaisir ensoleillé de la Provence, la poésie d'une vieille maison du Marais, l'amitié mystique d'un extravagant camarade illuminé, les étonnements du service militaire, le romantisme d'une Allemagne à peine échappée à ses démons. Autant de mondes dangereux et divers, terres de songe que l'adolescent a traversées dans l'enchantement de l'innocence...
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Divinités du Styx ; contes fantastiques
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature Française
- 13 Mai 1998
- 9782246584599
Depuis 1951, l'auteur de l'Histoire de la littérature fantastique en France poursuit une oeuvre en marge des modes, louée par des écrivains aussi peu semblables que Jean Cocteau ou Julien Gracq. " Marcel Schneider n'a jamais cessé d'appeler de ses voeux un envers du monde, un hors du monde ", dit Georges-Olivier Châteaureynaud dans son texte de présentation. On a voulu ici, en empruntant, entre autres, les meilleurs contes de Déjà la neige ou de La Lumière du Nord, augmentés de nouvelles inédites, redire au lecteur quel maître du fantastique se cache chez ce misanthrope courtois. Le recueil suit un ordre chronologique qui n'oublie aucun des thèmes chers à ce rêveur de destins : la trahison, l'amour incompris, l'innocence perdue, etc. En Alsace, à Venise, dans la lumière du Nord ou à l'ombre des châteaux de granit, les personnages de Marcel Schneider ont en commun d'aspirer à l'ailleurs.
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"Ce grand pays, notre voisin, qui s'appelle l'Allemagne, reste un inconnu, une énigme en tout cas. Nous inventons l'Italie à travers Stendhal, l'Espagne à travers Mérimée et Bizet. Rien de tel avec l'Allemagne qui n'évoque pour nous que des champs de bataille, Sedan, Verdun et l'Occupation de 1940.
Cela suffit-il pour l'éliminer de notre univers imaginaire ? Nous lui devons plus que nous ne pensons. Le Moyen Age doit son premier éclat au Saint Empire romain germanique. Puis, il y a eu Goethe et Schiller, Hlderlin et Nietzsche : mais une nation ne saurait vivre de nostalgie.
Faut-il encore avoir peur de l'Allemagne ? Est-ce une raison pour refuser toute existence à une pathétique allemande ? Je ne le pense pas. Les thèmes de cette poétique sont ceux qui, depuis des siècles, ont imposé à l'humanité leur universalité.
C'est avec les yeux des poètes qu'il faut regarder l'horizon de l'Allemagne.". -
Le fantastique, pour Marcel Schneider, est une irruption de l'irrationnel dans la vie la plus quotidienne, une déchirure qui permet d'entrevoir " l'espace du dedans ". Né de l'inquiétude, il est un remède à l'inquiétude, peut-être un moyen de capter ingénument l'invisible et d'approcher le sacré dans une période littéraire de plus en plus encombrée par le réalisme ou l'abstraction théorique des professeurs.
Dans le bref essai qui ouvre ce volume, Marcel Schneider démontre brillamment que les visionnaires sont parfois plus proches des lois naturelles que les savants, de même que Balzac est un peintre plus vrai que Saint-Simon. En vérité, de l'Enéide à Faust, les grandes oeuvres sont toujours fantastiques, et créatrices de mythes. Toutefois c'est le modeste Hoffmann qu'on peut considérer comme le père de la littérature fantastique, genre nouveau, dont l'importance n'a fait que croître depuis le XIXe siècle. À mi-chemin de la poésie et de la vérité, c'est une échappée libre et solitaire dans un monde engagé, un moyen de " connaissance par les gouffres " où doivent s'aventurer par élection les esprits que tentent la découverte et l'absolu.
Comme pour nous en donner le go-t, l'auteur nous propose trois nouvelles, parmi les plus belles qu'il ait jamais écrites. De la tendre et fugitive " Dame de Noël ", avec sa couronne de bougies, messagère de l'inconnaissable, au couple tragique du Granit et l'Absence qui nous entraîne vers le " tramonde " auquel aspirent les condamnés d'ici-bas, sans oublier le conte étrange de ce roi maudit qui semble surgi des légendes germaniques, c'est la même approche des mystères, le sang qui coule sur la neige, une commune richesse des images et des couleurs dans l'harmonie inspirée. C'est aussi la même " déchirure " soudaine, qui laisse deviner l'angoisse, le vertige de la mort désirée, le secret des révélations essentielles, l'âme des choses.
Héritier d'une tradition qu'il connaît mieux que personne, Marcel Schneider ne cesse de la renouveler, de l'approfondir, avec un art de livre en livre affirmé qui a fait de lui un maître du fantastique, et l'un des tout premiers écrivains de sa génération, bien qu'à nul autre comparable. -
Le guerrier de pierre
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature Française
- 11 Septembre 1969
- 9782246163190
Des statues géantes, d'aspect terrifiant, montent la garde à la frontière. Au-delà s'étendent des forêts pleines de silence et d'horreur, où nul n'a pénétré et qu'on croit habitées par des démons. On appelle ces statues les guerriers de pierre, on craint qu'elles n'envahissent le pays comme elles l'ont fait dans des temps reculés. L'action du roman se passe dans un Moyen Âge légendaire, dans un pays brumeux et nordique, aux confins de la civilisation chrétienne.
Kuno le chasseur a d- passer trop près d'un de ces guerriers, on le retrouve écrasé sous le pied de la statue. Une enquête est ouverte et c'est un ami d'enfance de Kuno, le chroniqueur de la frontière, qui est chargé de recueillir les renseignements. Il n'en recueille aucun auprès de Giva, la femme de Kuno, qui a des raisons personnelles de le haïr, ni auprès des parents et des compagnons du chasseur. Tout le monde ayant intérêt à se taire, le narrateur en est réduit à ses propres conjectures. Il rappelle ses souvenirs, souvenirs douloureux puisque, dans son enfance comme dans son adolescence, il servait de souffre-douleur et que plus tard il est devenu malgré lui son homme lige, son âme damnée. Ainsi il a pris le go-t de la servitude et de l'humiliation.
L'enquête fait un pas en avant quand le prince régnant, accompagné d'un savant bénédictin, vient sur les lieux et conduit lui-même l'interrogatoire. On découvre qu'il s'agit d'un meurtre rituel et que les croyances aux anciens dieux de la région subsistent encore dans cette province perdue. La femme de Kuno pourrait bien être la prêtresse du culte interdit : c'est elle qui inciterait les chasseurs à se vouer à cette religion barbare qui promet à ses initiés la vie éternelle en devenant rochers et statues de pierre. Les démons qui règnent de l'autre côté se servent des guerriers monstrueux pour combattre la religion du Christ et la civilisation qu'il a apportée.
Le narrateur apprend à ses dépens la toute-puissance de Giva, sa ruse, sa perfidie et son appétit de vengeance. Elle se sert de sa naïveté et de sa soumission passionnée à Kuno pour le perdre comme elle a perdu son mari en le vouant aux divinités infernales. À la suite de péripéties où règne la poésie du fantastique (talisman, apparitions, visions, vampirisme, nécromancie), le narrateur s'offre à la mort pour sauver Kuno et lui permettre de devenir un des guerriers de pierre. -
Tout en jouant au jeu de l'oie, Marcel Schneider raconte les moments décisifs de sa vie. Les obstacles majeurs fixés par la tradition : le pont, le château, l'auberge, le puits, le labyrinthe, la mort et le lac sacré servent à relier confidences, récits et réflexions. Ce jeu intéresse chacun de nous. On avance, on marque le pas, on revient en arrière, on passe son tour : n'est-ce pas là le rythme de toute vie ? Le jeu de l'oie qui tient de la confession, de l'essai et du recueil de nouvelles, ne rentre dans aucun genre défini. En cela, il reflète fidèlement l'auteur qui ne se range dans aucun parti, n'adhère à aucun groupe, pas même à une école littéraire et qui ne s'en porte que mieux, bien que faire cavalier seul ait toujours été une attitude téméraire. En marge de la littérature actuelle. Le jeu de l'oie diffère de tout et ne ressemble qu'à lui-même. On goûtera la singularité de la pensée et la concision élégante du style : les lecteurs raffinés attachent encore de l'importance à ces qualités-là. C'est à eux que Marcel Schneider son Jeu de l'oie.
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Un homme se débat dans sa nuit intérieure. Il rêve, il est rendu au temps sans durée : il navigue dans l'arche avec Noé, il polit l'émeraude du Graal, il connaît la forêt médiévale et ses animaux héraldiques, il fuit le tyran colossal et se réfugie dans les grottes de la mémoire. Le rêve nous donne le fil de l'histoire universelle et nous permet de la lire à l'envers. La nuit fait de chacun de nous un être qui revit toutes les aventures de l'humanité, ses désirs, ses terreurs et ses mythes.
Au cours de cette nuit de longtemps où tout recommence sans s'achever jamais, Arno médite sur le mal, la grâce et la souveraineté : ces trois motifs conducteurs se tiennent et ne font qu'un, le mal étant corrigé par la grâce et la grâce donnant la souveraineté.
Fidèle à lui-même, Marcel Schneider explore le domaine de la littérature irrationnelle, qu'elle soit le fantastique ou le merveilleux. Dans la Sibylle de Cumes, il avait tenté d'expliquer un rêve unique, privilégié. Dans la Nuit de longtemps, il approfondit son dessein et va plus loin encore dans la connaissance de lui-même, c'est-à-dire de tous. C'est une clé des songes à l'usage de ceux qui, pareils à Marcel Schneider, ne vivent ni dans le passé ni dans l'avenir, mais dans ce qui est perdu. -
Dans ce recueil d?essais et de réflexions, Marcel Schneider revient sur un certain nombre de thèmes qui lui sont chers.
? « J?ai toujours su, écrit-il, que je ne trouverai pas ma place dans ce qu?on appelle le monde réel, parce que pour y tenir une place, si humble soit-elle, il faut y croire. Je n?y crois pas. Je fais semblant d?y croire, je porte un masque pour me rendre pareil à mes concitoyens. J?ai été professeur, chroniqueur musical, journaliste littéraire et écrivain. Cela me tient lieu de pièces d?identité, mais cela n?a rien à voir avec la vérité de mon être. La mondanité m?a servi d?écran protecteur. » Cet autoportrait dit en quelques mots la vérité d?une âme.
? Viennent ensuite, dans un désordre qui n?est qu?apparent, des souvenirs sur le prince Pierre de Monaco ou sur Marie-Laure de Noailles, Malaparte à Royaumont, Liliane de Rotschild, mais aussi de courts essais et méditations, sur la musique, Racine, Schubert, le fantastique, la Foi, la peinture des Vanités, la mort et le memento mori. Le tout est tissé d?anecdotes, de traits tantôt plaisants et tantôt graves. Dans le registre plaisant, le mot de la grand-mère de Marie-Laure de Noailles, la comtesse de Chevigné, qui n?aimait pas l?auteur de la Recherche, sur « les dindonnades de Proust » - elle se servait de ses lettres pour estimer la température de son fer à friser. Il y a même, dans ces pages, mai 68, ce qui nous vaut l?habituel numéro du cher Marcel, réactionnaire et fier de l?être : « N?oubliez pas que je suis d?Ancien régime. »
? On voit aussi passer la silhouette d?Yves Berger évoquant dans les jardins de la Villa Médicis l?âge des pins parasols. Marcel Schneider termine par une méditation sur « la mort inéluctable », qui débouche sur cette prière et sur une inquiétude déjà démentie par le courage qu?elle recèle : « Pourvu que je ne tremble pas trop, que les affres de l?agonie ne tirent pas de moi plus de râles et de cris qu?il est permis ! »
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Depuis Le Chasseur vert jusqu'aux Deux miroirs, Marcel Schneider n'a cessé de poursuivre les souvenirs d'une jeunesse merveilleuse. Dans Les Colonnes du Temple, le romancier reprend son thème favori, en l'éclairant, en l'amplifiant.
Le héros de cette histoire est un enfant sensible et fantasque ; il vit chez sa grand-mère, dans un sombre appartement du boulevard des Filles-du-Calvaire, au coeur du Marais. C'est un univers où le mystère et le quotidien se mêlent étroitement que lui révèle son aïeule, complice avec tendresse de ses rêves et de ses découvertes. Avec elle, il apprend à connaître, bien qu'ils aient depuis longtemps disparu, les " jardins de Beaumarchais " et la Tour du Temple, dernière prison de la famille royale. En sa compagnie, il passe tout naturellement des contes de fées aux légendes des terribles Chevaliers, dont les ombres mystérieuses continuent de planer sur le quartier. Le petit garçon émerveillé " joue au Temple " comme d'autres, à son âge, jouent aux billes ou à la marelle. La fréquentation d'une vieille dame spiritiste, amie de sa grand-mère, confirme l'enfant dans sa passion de l'insolite et des miracles occultes. Elle vit en effet dans une maison curieuse, gardée par un inquiétant portier, et correspond, on ne sait comment, avec son époux défunt.
Un petit drame insignifiant prend soudain des proportions catastrophiques. Un après-midi, sans même y penser, l'enfant dérobe chez la vieille dame un camée, qu'il jette du reste aussitôt dans le ruisseau. Le soir-même, la dame meurt subitement. Le petit n'est-il pas le responsable involontaire de cette disparition ? Il n'est pas loin de le croire. Le remords s'insinue dans son coeur, d'autant plus que sa grand-mère, pense-t-il, a surpris son larcin.
Désormais, son adolescence sera empoisonnée par cette inquiétude, qui pèse sur sa vie comme une malédiction. Elle fera de lui un jeune homme renfermé, solitaire, anxieux, que blessent le monde et ses réalités.
Vers dix-huit ans, il retournera dans la maison, habitée par les descendants de la vieille maison. Il apprendra que cette bâtisse, qui fut une dépendance du Temple avant de devenir la demeure de Cagliostro, recelait encore bien des secrets, qu'il percera les uns après les autres. La découverte, par hasard, du fatal camée, chez un brocanteur, lui permettra de briser enfin le charme, le libérant des maléfices qui avaient marqué ses premières années. Le voici prêt, après avoir brisé Les Colonnes du Temple, à entrer dans " la vraie vie ".
Ce roman, traité comme un conte, est en fait le récit délicieux d'une enfance heureuse, malgré les sortilèges, les fantasmes d'un esprit étonnamment sensible et précoce.
Marcel Schneider n'en néglige pas pour autant les pensées graves qui lui sont chères : l'amour, l'érotisme, la mort demeurent à chaque instant présents au coeur de cet enfant prédestiné.
Dans un style d'une pureté presque baroque, il réussit à confondre, pour notre plaisir, les souvenirs, la légende, l'histoire et la fiction ; il rejoint ainsi le réalisme fantastique des grands romantiques, dont il est, en France, de nos jours, l'un des rares et l'un des plus précieux héritiers. -
La nouvelle est peut-être le genre qui convient le mieux à l'art très singulier de Marcel Schneider. Il faut du brio, le sens de la concision, le don des nuances ; toutes qualités que l'auteur possède et domine.
Ces treize nouvelles (treize, est-ce un hasard ?) sont une illustration de la littérature fantastique, dont Marcel Schneider est à la fois l'historien et le représentant. Pour lui, la fiction n'est pas seulement l'occasion d'exercer sa fantaisie ; il s'y abandonne tout entier, comme un possédé. C'est au niveau des sens, et non pas de l'intelligence que cet écrivain un peu sorcier nous atteint ; il sait donner forme aux fantômes avec lesquels nous vivons, mais que nous ne voulons pas voir. Cet art n'est pas loin de la psychanalyse.
Depuis qu'il est devenu familier de ces démons et qu'il vit avec eux dans une harmonie relative, Marcel Schneider est entièrement maître de son style qui n'a jamais été aussi riche dans son baroque flamboyant. En apparence, il n'est pas un écrivain de notre temps. Mais on pourrait bien s'apercevoir un jour que Marcel Schneider est un précurseur, comme d'autres solitaires qui s'appellent Julien Gracq ou André Pieyre de Mandiargues. -
Nul ne sait le prénom de l'enfant prodigue, mais pour Marcel Schneider, connaisseur du mystérieux, il s'appelle Augustin, comme l'auteur des Confessions, et c'est la veille de Noël qu'il fait à Mme Delaccour, sa mère, le cadeau de revenir dans la petite ville de l'Est, où elle l'attend depuis des années. Veuve à la suite d'un étrange accident d'avion, elle s'est confinée dans la vie dévote, tandis qu'Augustin cherchait au loin la révélation d'un bonheur différent, trouble, aventureux, et qu'il n'a sans doute pas trouvé. En apparence, chez les Delaccour, rien n'a changé. Tolie et Firmin, le vieux couple de domestiques, continuent de mener la maison avec la même fidélité bourrue et le fils prodigue se coulerait peut-être à nouveau dans la douceur du nid retrouvé s'il ne sentait partout la menace d'un sortilège. Qui donc est cette jeune fille qu'il semble être le seul à rencontrer, aux abords de la demeure familiale ? Comment M. Delaccour, qui détestait les voyages, a-t-il pu disparaître dans une catastrophe aérienne aux antipodes ? Avec Marcel Schneider, on n'est jamais sûr de rien jusqu'au dernier mot de la dernière page ; c'est le talent des romanciers fantastiques d'égarer le soupçon pour mieux nous apprendre l'envers des choses, les vérités cachées.