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Terre de Brume
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Que se passerait-il si toutes les créatures qui peuplent depuis la nuit des temps nos plus terrifiantes légendes existaient réellement ?
Qui pourrait nous protéger d'elles si les frontières qui nous séparent de l'Autre Monde, caché derrière le nôtre depuis des milliers d'années, s'effondraient pour la première fois ? Yann Kardec, 28 ans, héritier malgré lui d'un serment familial qui remonte aux Templiers, dernier membre de l'Ordre des Sentinelles, devra se lancer dans une quête périlleuse pour retrouver, avant qu'il ne soit trop tard, le seul artefact permettant de sauver l'humanité : la Clé des Mondes. Après avoir décrypté les secrets du manoir de ses ancêtres, en Bretagne, il affrontera les plus terribles incarnations de nos peurs et devra se mesurer à la plus ancienne ennemie de sa famille, une femme dangereusement belle. Et immortelle... Dans tous les hauts lieux qui ont donné naissance aux plus effrayantes légendes, il cherchera les indices qui le conduiront à l'objet magique que tous convoitent. Mais sa route sera semée d'incroyables révélations sur le passé de sa famille qui changeront son propre destin. Car, dans la lutte éternelle qui oppose la Lumière et les Ténèbres, personne n'est jamais vraiment innocent...
Maintenant les légendes peuvent tuer. Oserez-vous les défier ?
A PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur, producteur et réalisateur de documentaires, Gérard Lefondeur a également, durant de nombreuses années, rempli des fonctions importantes dans l'industrie du disque. Passionné depuis toujours par le cinéma et la littérature fantastique, il publie, avec, Légendes, son premier roman.
EXTRAIT
Les arbres frémissaient dans la nuit d'octobre. Le vent arrachait les feuilles mortes ou agonisantes de leurs branches et les faisait voler en virevoltant jusqu'à la route. Elle en était jonchée. La forêt tapissait le bitume d'une fine couche d'or tachetée de vert. Avant la pourriture, les feuilles avaient revêtu leurs plus belles parures ainsi qu'il en est de nous, bien souvent. Il passait si peu de voitures la nuit sur cette petite départementale que le tapis de feuilles pourrait reposer en paix jusqu'au matin et là, les roues les chasseraient dans la boue des ornières, entassées, souillées, mortes pour toujours.
Près d'un virage, les arbres semblèrent s'animer, projetant des ombres mouvantes sur la route. Le vent souffla plus fort, arrachant à nouveau des centaines de feuilles. Les ombres s'étirèrent, puis elles disparurent, chassées par les violents projecteurs de deux phares, et un bruit de moteur perça le silence de la nuit.
Comme un pinceau géant, les phares redessinaient à présent les contours de la route, le dessin des feuilles, leurs couleurs. La voiture roulait vite. Le tapis de feuilles mortes se souleva, s'envola lorsque la voiture le franchit, rejetant prématurément les feuilles sur les bas-côtés, redonnant à la route sa couleur de nuit et de bitume.
Les choses ne restent jamais inchangées, quel que soit le mal qu'on se donne.
Même le vent et les feuilles savaient ça... -
Dixie horror palace ; histoires de morts-vivants
Gérard Dôle
- Terre de Brume
- 26 Février 2015
- 9782843625466
Le mythe du vampire au féminin
Dixie Horror Palace renoue avec la tradition victorienne de la femme vampire et propose une nouvelle détective des Ténèbres, Arabella Kenealy. Cette jeune femme médecin, féministe avouée, est bien décidée à faire ses armes parmi les enquêteurs chevronnés de la police criminelle londonienne. L'excentrique Lord Syfret l'a chaudement recommandée à Sir John Fox, chef de Scotland Yard, qui après hésitation décide de lui accorder sa confiance. Dans la première aventure, « Dixie Horror Palace », Miss Arabella se lance sur la piste des Rôdeuses du crépuscule auxquelles l'on prête les pires intentions. L'impitoyable traque conduit la nouvelle détective des ruelles sordides de l'East End aux rives du Loch Ness où le surnaturel l'attend de pied ferme. Sous un ciel de plomb, la lande infinie devient le fantastique théâtre d'un affrontement sans précédent. Arabella Kenealy devra élucider le mystère de la maison hantée qui sanglote, et celui de la créature ailée égorgeant des promeneuses solitaires. Elle revient ensuite dans une seconde enquête tout aussi extraordinaire où « La Vampire de cire » menace Londres. Le lecteur trouvera en complément « L'Enfant hanté » (« The Haunted Child », 1896), une aventure de Lord Syfret par Arabella Kenealy (1859-1938), inédite en français, ainsi qu'un historique des femmes vampires par François Ducos.
Gérard Dôle nous présente un roman qui reprend la tradition du vampire sous forme d'enquêtes.
EXTRAIT
Le crépuscule s'avançait, inquiétant, indistinct. Des massifs violâtres fermaient l'horizon, et, à cette heure tardive, derrière leurs silhouettes fuligineuses, un soleil couchant à demi éteint n'éclairait plus que les hauteurs confuses de Hampstead. L'austère coupole de Saint-Paul gonflait son dôme sombre. Un remorqueur siffla tristement sur la Tamise.
C'était vraiment un personnage excentrique que Lord Syfret, l'un des plus dignes mais aussi l'un des plus singuliers membres de la gentry britannique. Son extravagance ne se révélait toutefois pas immédiatement, tant elle était parée d'un épais vernis mondain.
Au physique, il avait le teint pâle, les cheveux gris, les yeux bleu-vert, les sourcils très accusés, le nez romain. Sa moustache et sa barbiche, de la même teinte que sa chevelure, cachaient une bouche dont les lèvres minces couvraient des dents aiguës. Sa mise était élégante : il portait invariablement un habit noir de la plus belle étoffe, un pantalon étroit de même nuance, et un gilet mauve à fleurs d'or brochant sur le tout.
Lord Syfret vivait de façon solitaire dans une grande demeure du Victoria Embankment, sise en amont de Hungerford Bridge, à trois pas de l'Aiguille de Cléopâtre. À quoi s'y occupait-il ? Seule Mrs Hogskin, sa gouvernante, eût su le dire, mais elle gardait les lèvres scellées quand on la questionnait sur son maître.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Gérard Dôle est à la fois journaliste, historien, musicien, chanteur, auteur-compositeur et, bien entendu, écrivain. En 1967, il s'essaie à la chanson à texte dans des cabarets de la Rive gauche tels que L'École Buissonnière de René-Louis Laforgue, L'Écluse ou L'Échelle de Jacob. Il passe même à Bobino en 1968, en première partie du récital de Catherine Sauvage et de Guy Béart. Retenons une série de disques qui font de lui un spécialiste de la musique acadienne de Louisiane et un grand amoureux des orgues de Barbarie, mêlant parfois musique et littérature populaire comme dans La Chanson de Nestor Burma (1982) en collaboration avec Tardi et Léo Malet, et La Complainte de Harry Dickson (1984). Gérard Dôle est aussi l'auteur d'une étude savante sur L'Histoire musicale des Acadiens (L'Harmattan, Paris, 1995), et de nombreuses nouvelles fantastiques publiées tant en France qu'aux États-Unis.
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Dévorez le premier roman de Stocker, auteur mythique du sanglant Dracula
Arthur Severn, jeune Anglais qui vient d'hériter de la fortune de sa tante, découvre le Connemara. Il s'y éprend de Norah Joyce, dont le père est honteusement spolié par Murtagh Murdock, l'odieux Gombeen Man, usurier rural détesté par toute la communauté paysanne. Il aide son ami Dick Sutherland, géologue, à sonder la « tourbière mouvante » qui, à en croire divers récits, serait à la fois le repaire ultime du Roi des Serpents et le lieu où est enfoui le célèbre trésor perdu par les Français en 1798. C'est l'ouest de l'Irlande, balayé par les pluies et les tempêtes, qui sert de cadre naturel et grandiose à cette histoire d'amour, de cupidité et de dépossession : la « tourbière mouvante » est le lieu inattendu et dangereux d'une exploration à la fois historique, scientifique et fantastique. L'évocation d'une nature à la fois sublime et tourmentée est le prélude et l'accompagnement de l'aventure intérieure qui verra Arthur renaître à une nouvelle vie... Le Défilé du Serpent était resté inédit en français jusqu'à ce jour...
Shleenanaher- « le Défilé du Serpent » - exerce une étrange fascination sur tous ceux qui l'approchent, qu'il s'agisse des autochtones ou d'Arthur Severn, « l'étranger ».
EXTRAIT
Entre deux montagnes de gris et de vert, car le rocher affleurait entre les touffes de verdure émeraude, la vallée, presque aussi étroite qu'une gorge, s'en allait plein ouest vers la mer. Il y avait juste assez de place pour la chaussée, à demi entaillée dans la roche, à côté de l'étroite bande que formait le lac sombre d'une profondeur apparemment insondable loin en contrebas, entre des parois verticales de roche menaçante. La vallée s'ouvrit et la pente se fit raide, le lac devenant un torrent bordé d'écume qui s'élargissait en mares et en lacs miniatures en atteignant le niveau le plus bas. La montagne s'élevait doucement par paliers semblables à des terrasses où la civilisation se laissait entrevoir furtivement, émergeant de la désolation presque primordiale qui nous enserrait : bouquets d'arbres, chaumières, contours irréguliers des champs clos de murs de pierre, avec des tas de tourbe noirs pour les feux de l'hiver, empilés çà et là. Loin au-delà, il y avait la mer, le grand Atlantique, avec un littoral follement irrégulier parsemé d'une myriade de petits groupes d'îlots rocheux ; une mer d'un bleu profond, avec un trait de faible lumière blanche au lointain horizon et, quand le bord de l'eau était visible dans les trouées de la côte rocheuse, ici et là frangée d'une ligne d'écume à l'endroit où les vagues se brisaient sur les rochers ou bien dévalaient en énormes rouleaux sur l'étendue unie des sables.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « De page en page, la nature prend une place de plus en plus importante, et l'étrange magie qu'elle dégage se pare de reflets surnaturels. Toute cette partie est portée par une poésie farouche et par un sens du mystère qui font vite oublier les conventions de l'histoire d'amour et le conformisme de la fin, qui voit la sauvage Irlandaise devenir une parfaite petite Anglaise... Stoker n'est sans doute qu'un petit maître, mais il mérite largement qu'on le redécouvre, et cela bien au-delà du personnage légendaire qui l'a rendu célèbre. » - Télérama
A PROPOS DE L'AUTEUR
Bram Stoker est né à Dublin en 1847. Après une jeunesse précaire et difficile, il se lança dans le journalisme ses études terminées. En 1871 lui vint l'idée de ce qui allait devenir un des plus célèbres romans de littérature fantastique, Dracula (1897). Il rédigea de nombreuses autres oeuvres, parmi lesquelles Le Joyau des Sept Étoiles, disponible pour la première fois en version intégrale dans la collection Terres Fantastiques, et Le Repaire du Ver blanc. Il mourut à Londres en 1912. -
Pour la première fois, le texte original de ce roman fantastique de Stoker est publié dans son intégralité !
Assailli dans une pièce entièrement close par quelque chose ou quelqu'un, un éminent égyptologue est plongé dans un étrange état cataleptique. Puis, peu après, au même endroit, certains objets précieux disparaissent pendant que d'autres reviennent dans de troublantes et inexplicables conditions. Et, tandis que le mystère grandit, d'autres malédictions resurgissent, dont une sous la forme d'une main momifiée. Une main pourvue de sept doigts. Une main où scintillent d'extraordinaires joyaux, semblables à des étoiles... Le Joyau des Sept Étoiles (1903) est présenté ici pour la première fois dans sa version intégrale. En effet, la seule traduction disponible en langue française était amputée d'environ un tiers du texte original, supprimant ainsi l'efficacité des descriptions que Stoker s'était appliqué à donner de cette descente dans les abîmes de l'effroi. Une deuxième fin est également proposée pour la première fois au lecteur français.
Il ne s'agit pas ici de vampirisme, mais l'horreur atteint, dans ce superbe roman, des sommets - ou plutôt des gouffres - d'angoisse inattendus.
EXTRAIT
Tout cela paraissait si réel que j'avais peine à imaginer que cela se soit produit antérieurement et cependant, chaque épisode survenait, non pas comme une étape nouvelle dans l'enchaînement logique des faits, mais comme une chose à laquelle on s'attend. C'est de cette façon que la mémoire joue ses tours pour le bien ou pour le mal, pour le plaisir ou pour la douleur, pour le bonheur ou pour le malheur. C'est ainsi que la vie est un mélange de douceur et d'amertume et que ce qui a été devient éternel.
De nouveau, le léger esquif, cessant de fendre les eaux tranquilles comme lorsque les avirons brillaient et ruisselaient d'eau, quitta le violent soleil de juillet pour glisser dans l'ombre fraîche des grandes branches de saules qui retombaient - j'étais debout dans le bateau qui oscillait, elle était assise immobile et, de ses doigts agiles, elle écartait les branches égarées, se protégeait des libertés que prenaient les rameaux sur notre passage. De nouveau, l'eau paraissait être d'un brun doré sous le dôme de verdure translucide, et la rive était recouverte d'une herbe couleur d'émeraude. De nouveau, nous étions là dans l'ombre fraîche, avec les mille bruits de la nature se produisant à l'intérieur et à l'extérieur de notre retraite, se fondant dans ce murmure somnolent qui fait oublier les ennuis bouleversants et les joies non moins bouleversantes du monde immense. De nouveau, dans cette solitude bénie, la jeune fille oubliant les conventions de son éducation première rigoriste, me parla avec naturel et sur un ton rêveur de la solitude qui assombrissait sa nouvelle existence. Elle me fit ressentir, avec une grande tristesse, comment dans cette vaste maison chaque personne se trouvait isolée du fait de la magnificence de son père et de la sienne, car, en ces lieux, disait-elle, la confiance n'avait pas d'autel, la sympathie pas de sanctuaire. Le visage de son père paraissait aussi lointain que semblait à présent lointaine la vie du vieux pays.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Après une jeunesse précaire et difficile, Bram Stoker se lança dans le journalisme ses études terminées. C'est en 1871 que lui vint l'idée de ce qui allait devenir un des plus célèbres romans de littérature fantastique, Dracula (1897). Mais la carrière littéraire de Bram Stoker ne s'arrêta pas là, et il rédigea de nombreuses autres oeuvres, malheureusement occultées par le succès de Dracula, parmi lesquelles Le Joyau des Sept Étoiles, disponible pour la première fois en version intégrale dans la collection Terres Fantastiques, et Le Repaire du Ver blanc. Bram Stoker mourut à Londres. -
Découvrez le dernier roman écrit par Bram Stoker
Qui est Lady Arabella, et quel ignoble secret la lie-t-elle pour l'éternité au Ver blanc qui hante le coin tranquille de l'Angleterre où vient de débarquer Adam Salton ? Par quelle ruse le jeune homme pourrait-il sauver la jolie Mimi Watford des griffes du monstre tapi dans les entrailles de la terre ? Jusqu'à quelle fantastique découverte les mènera leur hallucinante enquête à travers l'histoire, la géologie et la biologie ? De même que pour Le Joyaux aux Sept Étoiles, également paru dans la collection Terres Fantastiques, la traduction de ce classique a été révisée et complétée, car un quart de l'ouvrage restait inédit en France à ce jour.
Un an avant sa mort, l'auteur de Dracula publiait Le Repaire du Ver blanc, un petit bijou de macabre et d'horreur
EXTRAIT
Lorsque Adam Salton arriva au Great Eastern Hotel, il y trouva une lettre écrite de la main de son grand-oncle, Richard Salton, qu'il connaissait fort bien grâce à la correspondance fournie et chaleureuse que celui-ci lui avait déjà envoyée en Australie- Occidentale. La première de ces lettres datait de moins d'un an, et le vieux gentleman lui révélait leur parenté et lui expliquait qu'il n'avait pu lui écrire plus tôt car, ne connaissant même pas son existence, il avait mis du temps à trouver son adresse. La dernière, partie après lui, venait tout juste d'arriver et contenait une cordiale invitation à le rejoindre à Lesser Hill, et à y séjourner aussi longtemps qu'il lui serait possible. « En vérité, poursuivait son grand-oncle, j'espère que vous voudrez bien en faire votre demeure permanente. Voyez-vous, mon cher enfant, vous et moi sommes les derniers survivants de notre lignée, et ce n'est que justice que vous me succédiez lorsque le moment arrivera. En cette année de grâce 1860, je vais avoir quatre-vingts ans et, bien que nous appartenions à une famille qui vit longtemps, le temps d'une vie ne peut se poursuivre au-delà des limites raisonnables. Je suis disposé à vous aimer, et à rendre votre séjour avec moi aussi heureux que vous le désirerez. Aussi, venez dès que vous aurez reçu cette lettre, et trouvez la bienvenue que j'attends de vous souhaiter. J'envoie, au cas où cela rendrait les choses plus aisées pour vous, une traite de 500 livres. Venez bientôt, pour que nous puissions tous deux passer quelques jours heureux ensemble. Cela est pour moi de la plus haute importance car il ne me reste plus guère d'années à vivre ; mais en ce qui vous concerne, j'ai bon espoir qu'une longue et heureuse vie vous attend. Si vous êtes en mesure de me donner le plaisir de vous voir, envoyez-moi le plus tôt possible une lettre qui me dise quand vous attendre. Puis, lorsque vous arriverez à Plymouth, ou à Southampton, ou bien encore à quelque autre port où vous accosterez, attendez à bord et je vous rejoindrai à la première heure. »
A PROPOS DE L'AUTEUR
Bram Stoker est né à Dublin en 1847. Après une jeunesse précaire et difficile, il se lança dans le journalisme ses études terminées. En 1871 lui vint l'idée de ce qui allait devenir un des plus célèbres romans de littérature fantastique, Dracula (1897). Il rédigea de nombreuses autres oeuvres, parmi lesquelles Le Joyau des Sept Étoiles, disponible pour la première fois en version intégrale dans la collection Terres Fantastiques, et Le Repaire du Ver blanc. Il mourut à Londres en 1912. -
Embarquez pour ce recueil de nouvelles d'Hodgson sur le thème de la mer
Voici un livre des plus étranges. Il est d'un auteur anglais, William Hope Hodgson, qui mourut trop jeune - tué sur le front en avril 1918 -, pour avoir pu donner toute sa mesure. Mais si son oeuvre est courte, elle témoigne d'une rare originalité. Dès que l'on parle de littérature de la mer, les premiers noms qui viennent à l'esprit sont ceux de Joseph Conrad et d'Herman Melville. Pour eux, la mer n'est pas le décor d'une aventure plus ou moins tumultueuse, mais celui d'une tragédie. La mer est un destin. Mais ce sont les hommes qui jouent les rôles principaux et sont vaincus par leur propre fatalité. Pour W. H. Hodgson, c'est la mer elle-même qui est fatale. Elle est une force monstrueuse qui s'empare des corps et des âmes et les métamorphose à son gré. Elle dispose de tout un arsenal fantastique de faux-semblants, et recèle une faune et une flore qui ne pardonnent jamais aux navires perdus. Si l'on y échappe, c'est toujours à l'extrême limite et dans des conditions terribles.
Dans ce texte règnent la terreur et le délire. Et c'est avec un art admirable des détails insignifiants, une manière imperceptible de graduer l'effroi, que William H. Hodgson fait venir l'épouvante.
EXTRAIT
Comment t'avais fait pour m'en attraper un, Grandpa' ? demanda Nebby.
Il avait posé cette question à tout moment au cours de la semaine, chaque fois que son massif grand-père, aux yeux d'un bleu de Guernesey, fredonnait la Ballade des Chevaux marins qu'il ne poursuivait jamais bien loin.
- Comme ça qu'il était un peu fatigué, p'tit Nebby, et je l'ai fameusement attrapé avec un coup d'hache, avant qu'il puisse déguerpir, expliqua son grand-père, tout plein de gravité et de satisfaction. Nebby descendit de son drôle de cheval de bois, tout simplement en le tirant par l'avant d'entre ses jambes. Il examina sa tête qui, bizarrement, ressemblait plus ou moins à celle d'une licorne, puis mit son doigt dans une sorte de meurtrissure dont on voyait la trace dans la peinture noire du nez.
- C'est là que tu l'as tapé, Grandpa' ? demanda-t-il sérieusement.
- Dame, dit son grand-père Zacchy, s'emparant du drôle de cheval de bois pour examiner la peinture éraflée. Dame, c'est que je lui ai donné un furieux coup.
C'est-y qu'il est mort, Grandpa' ? demanda l'enfant.
- Eh bien, dit le solide vieillard, tâtant le cheval de bois de partout avec ses gros doigts, c'est à peu près comme ci et comme ça.
Il ouvrit la mâchoire à charnière adroitement faite et considéra les dents en os dont il l'avait garnie, puis glissa un oeil avec le plus grand sérieux dans la gorge peinte en rouge.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « Le mystère habite littéralement ce singulier recueil de nouvelles, toutes consacrées à la mer. Il est dans chaque ligne, dans chaque détail, d'abord insignifiant, tout juste perceptible, une musique, une odeur, mais irréductible. Il résiste jusqu'au bout, quand s'apaise la tension, insaisissable mais terriblement présent. » - Télérama
A PROPOS DE L'AUTEUR
William Hope Hodgson (1877 - 1918) est né dans le Comté d'essex. Fils de pasteur, il quitte très jeune sa famille et naviguera pendant huit ans. Cette expérience très dure marquera sa vie personnelle mais également son travail d'écrivain. Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, il vit en France. Il retourne alors en Angleterre pour s'engager dans l'armée et est tué au front. C'est en dix années d'écriture qu'il écrivit l'ensemble de ses ouvrages parmi lesquels on compte quelques-uns des textes les plus importants de la littérature fantastique : La Chose dans les algues, Les Canots du Glen Carrig ou encore La Maison au bord du Monde.