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MSM barbouze de la République ; sale temps dans les Voirons
Daniel Forestier
- JePublie
- 1 Janvier 2010
- 9789999993180
En entrant dans l'établissement, le Dalou, l'espion chercha des yeux son correspondant, la seule personne qui faisait le lien entre les services secrets et lui. Il ne connaissait ni son nom, ni son prénom, juste son pseudonyme, Denis. Une sécurité de plus pour le couper de l'identité réelle de ses véritables patrons. C'était le jeu. Du moment qu'il était payé, tout le monde pouvait se faire appeler comme il voulait, ce n'était pas son problème.
L'attente fut de courte durée car son OT arriva à son niveau en tendant la main et lui disant :
- Bonjour Max, content de te voir. On ne reste pas ici, je t'emmène, tu vas avoir une surprise, quelqu'un veut te voir.
Le trajet ne fut pas long. Les deux hommes descendirent dans le métro pour remonter quelques stations plus loin. Un peu étonné, Max se laissa guider silencieusement sans parler. Aucun des deux ne causait car chacun savait de l'autre qu'il allait de toute façon mentir. Alors autant ne rien demander.
Denis l'emmena dans un grand hôtel où ils montèrent directement au deuxième étage. Max fantasma deux secondes sur le sujet de son entrevue. Peut-être qu'une belle inconnue allait lui demander de faire la mission du siècle et lui offrirait son corps afin de lui faire goûter une dernière fois la joie éternelle avant la tuerie finale. La facilité des conquêtes féminines de James Bond faisait toujours rêver. Heureusement. Mais la réalité allait sûrement être d'une autre nature. -
Extrait court
Les photos
N’ayant pas voulu éclairer le bureau de son détective de patron, Milena fut obligée de rester un moment immobile, une fois la porte franchie, afin de s’habituer à l’obscurité. Lorsqu’elle parvint enfin à distinguer les fentes des persiennes qui laissaient passer avec peine les pâles lueurs de la ville, elle s’avança dans la pièce avec précaution.
Elle s’y orienta assez facilement. Il faut dire que le capharnaüm de Totò lui était tout à fait familier. Elle se dirigea lentement vers le bureau, le contourna, et commença à en ouvrir un à un les tiroirs. Grâce au mince pinceau lumineux de son porte-clefs, elle entreprit un inventaire minutieux. En fait, c’étaient les photos, ou les enveloppes susceptibles de contenir des photos, qui l’intéressaient.
À condition, se dit-elle, qu’il y ait un indice avec les clichés, bien sûr. Sinon, comment je fais, moi ?
Quand le jour se leva, elle était toujours en train de fouiller, mais sans aucun succès. Certes, des instantanés, il y en avait : les vacances en Sicile, les vacances aux Antilles, les vacances en Provence… ; Totò avec une brune, Totò avec une blonde, Totò avec une grosse, avec une maigre, une toute jeune, une bien mûre… Un vrai collectionneur, le chéri. Mais d’Antoine Belcourt, aucune trace. -
Fatiguée, elle prit quand même un verre de vin. Elle se
coucha dans sa cabine et s'endormit bercée par le doux mouvement
du voilier. Une ombre flottait dans ses pensées, elle
dansait doucement au son d'une musique. Quelqu'un s'approchait
de cette ombre furtive, sans se montrer. L'ombre chantait,
une voix limpide et sensuelle de femme. Cette femme riait aussi,
d'un rire heureux et insouciant.
Brusquement, les rires devinrent des plaintes, des cris, puis
elle chanta encore, avant de disparaître. Il n'y avait plus rien, un
vide, un néant, la scène était vide, les lumières s'éteignaient.
Des fantômes traversèrent la nuit en silence dans un rire strident.
Claire transpirait, elle avait froid, elle se retourna vers un
visage en sang. En hurlant de terreur, elle ouvrit les yeux,
haletante.
-
Daniel marchait vite, simplement vêtu d'une veste sous la
pluie printanière. L'été approchait, les examens universitaires
aussi et cela se sentait dans le quartier, les étudiants, aux terrasses des cafés entre deux cours, ne parlant que de ça.
Il regardait souvent derrière lui, inquiet. Il ne s'était pas rasé
depuis plusieurs jours, étant resté enfermé dans sa chambre
d'hôtel. Mais ce jour-là, il devait sortir pour aller à son rendez-vous.
Il prit la rue Vavin, s'arrêta devant un immeuble, regarda
autour de lui, puis appuya sur une touche de l'interphone.
- Qui est-ce ?
- Daniel.
La porte s'ouvrit et, après s'être assuré de ne pas avoir été
suivi, il s'engouffra dans le hall. Deux étages plus haut, il s'installa dans un bureau, en face d'un vieil homme courbé en deux par le poids des ans.
- Ah, Daniel, mon ami.
- Alors, professeur, avez-vous des nouvelles ?
- Bien troublantes, mon jeune ami, bien troublantes. Mais
il faudra que vous me racontiez comment vous avez obtenu cet
objet.
- Je ne peux pas, professeur, pardonnez-moi.
- C'est authentique, je peux vous l'assurer, mais je ne
comprends pas toutes les inscriptions.
- C'est dommage. Mais qu'est-ce qui vous troublait ?
- L'âge de cet objet. Il est trop récent. Il est fabriqué suivant
la tradition, ce qui confirme son authenticité, mais il n'a pas
deux siècles ! Je ne vois qu'une explication : il s'agit d'une imitation faite il y a cent ou deux cents ans, imitation parfaite d'un objet plus ancien, car on ne peut pas inventer ces inscriptions.
-
Extrait
Prologue
De son bureau, le vendeur vit entrer la vieille femme d'un pas menu sur le chantier. Elle regardait les bateaux, posés sur leur ber. Il termina le dossier de vente sur lequel il travaillait, puis sortit à sa rencontre.
Elle ne semblait pas l'avoir vu et détaillait de ses yeux encore vifs les voiliers. Elle était perdue dans ses pensées, dans ses rêves, mais elle passait de bateau en bateau.- Bonjour, madame. Je peux vous aider ?
- Bonjour, jeune homme, fit-elle de sa voix douce. Vos bateaux sont à vendre ?
- Oui. Vous cherchez quelque chose de précis ?
Elle ne répondit pas, continua son chemin à travers les coques bien alignées.
- Vous avez là de bien jolis bateaux.
- Oui, c'est sur ! Ils sont récents, garantis encore deux ans. Que de bons marins, vous pouvez me faire confiance.
- Je n'en doute pas. Avez-vous des voiliers plus anciens ? Vous savez, je ne suis pas riche...
Un peu surpris, il acquiesça et l'emmena de l'autre côté du bâtiment, où des modèles plus anciens attendaient eux aussi de trouver un propriétaire.
Après quelques instants, il surprit la vieille femme à regarder un voilier situé un peu à l'écart, visiblement abandonné depuis longtemps. De son pas tranquille mais sûr, elle se dirigea vers le bateau.
- Et lui, il est à vendre ?
Étonné, il répondit :
- Oui. Mais ce n'est pas un modèle récent, vous savez. Il n'a pas navigué depuis longtemps. Tout est à refaire.
- C'est un beau voilier.
- Après plusieurs jours de travail, il sera présentable.
Elle tournait autour de la coque, sale, elle la frôlait de sa main fripée.
- Pourquoi est-il dans cet état ?
- Personne ne veut s'en occuper.
- Quel malheur, c'est triste. Et pourquoi donc ?
- On dit qu'il est maudit.
Elle posa sur lui un drôle de regard qui le fit frissonner. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix et près de cent kilos, le voilà qui frissonnait devant une vieille femme, menue !
- Un gaillard comme vous, vous croyez à ce genre de choses ?
- Beaucoup d'histoires circulent sur ce voilier. Personne n'ose même dire son nom !
- Allons, allons, soyons sérieux ! Les marins sont des gens curieux parfois : si courageux pour aller sur ces mers terribles, les voilà qui tremblent à la moindre histoire.
-
Extrait
CHAPITRE 1
Le manoir de la Fravière était une demeure du XVIIe siècle blottie dans son parc, dans le Périgord. De style simple et élégant, il était composé de deux étages et flanqué de deux ailes carrées. Pour accéder à la cour, il fallait passer par un portail en pierre, coincé entre deux bâtiments, transformés maintenant en habitations.
Il appartenait à la même famille depuis plusieurs générations et était entretenu avec soin par le propriétaire actuel, le comte de la Fravière, octogénaire toujours vaillant, ancien industriel de la région, qui avait toujours vécu au manoir, lequel était nommé souvent « château de la Fravière ».
Les gens du village appréciaient beaucoup le comte pour sa probité sans faille, une gentillesse sans pareille, mais d'une rigidité intransigeante concernant ses principes. Cette rigidité, ces principes causaient souvent des heurts avec ses petitsenfants, Julien et Sophie, les enfants de son fils Robert, et Aurélien, celui de sa fille Patricia.
Robert avait pris la suite de l'industrie familiale et avait épousé la fille d'un notable de la région. Patricia, mariée à un capitaine de la marine marchande, s'occupait d'une galerie d'art. -
- Qu'est-ce qui vous amène lieutenant ?... Allez ! Droit au but, je n'ai pas de temps.
- Chef, j'attends vos instructions pour démarrer l'enquête.
- Vous vous foutez de moi, je vous ai appelé ce matin, c'était pourquoi ? Dites-moi : c'était pourquoi ? Hein ! Pour que vous vous branliez sur le cadavre ?! Vous osez me dire que vous n'avez pas commencé !
- Commissaire, j'étais en position à la manifestation des...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase.
- Je ne veux rien savoir, je veux des résultats. Prenez les inspecteurs Novak et Zekkri pour vous seconder.
Le commissaire attrapa une bouteille d'eau, la déboucha et regarda Os qui était toujours au garde à vous.
- J'attends toujours mon rapport, il ne va pas se faire si vous restez planter là, lieutenant !...
Os se retira.
- Putain, qu'est-ce qu'il a ce matin celui-là ? Suis pas sa femme, boudu con !
Il entra dans le bureau qu'il partageait avec Mélissa et Hakim, deux jeunes officiers qui venaient de sortir de l'école de police.
- Bonjour les gars ! Nous avons du boulot. Vous bosserez avec moi sur une affaire de meurtre. Je vous donne toutes les infos nécessaires pour régler cette histoire le plus rapidement possible. Ce sera votre premier dossier alors, allez-y à fond. -
Au comptoir du « Royal », son troquet favori, Bogart, qui se fait toujours appeler « inspecteur » parce que les nouveaux grades, dit-il, le font bien rigoler, en est à son deuxième café arrosé qu'il boit en engueulant Roger, le barman, pour lui avoir encore servi du jus de chaussette. C'est ce moment précis que choisit son portable pour faire retentir un éclatant « Tiens voilà du boudin ! », sonnerie qu'il a programmée pour l'avertir que l'appel vient de la « maison mère ». Bogart décroche en maugréant.
- T'es où, t'es encore à l'annexe ?
- Accouche Belkacem !
- Ramène-toi fissa, j'ai un petit boulot qui va te plaire.
- Ça m'étonnerait ! -
Je jetai un coup d'oeil à Alan. Il semblait absent. Sur le canapé pourri qu'il affectionne.
- Quand vous voulez. Bien entendu. Mais là, nous allons faire un petit voyage dans le midi, changer d'air...
- Ah ! Bon !
Déçu Deleuze, tellement déçu qu'il lança un dernier missile.
- Pourriez-vous me passer Alan, s'il vous plaît ? Sceptique, je tendis l'appareil à mon compagnon. Il souleva un
sourcil soupçonneux et risqua un « Oui ? » très prudent.
Il écouta un instant, le deuxième sourcil se souleva, le corps tout entier s'extirpa lentement du canapé et se mit à aller et venir dans la pièce.
- Vous croyez vraiment qu'il est nécessaire que je sois là ? Nous devions partir...
-Ah ! Si vous le pensez vraiment... Nous pouvons peut-être retarder de quelques jours... Il s'arrêta net. Mes yeux devaient lui faire peur. Je fulminais.
- Je vous repasse Madame Rigotte... Madame Rigotte pour les jours de tempête.
- Commissaire, n'essayez pas de contourner la difficulté. Vous utilisez des procédés de guestapiste...
- Mais Éléonore, je lui ai seulement dit que ce serait bien qu'il présente mon envoyé spécial au président de l'association qu'il connaît... Ce serait plus facile pour l'enquête. Et puis zut! Éléonore ! Il s'agit peut-être d'un meurtre et vos petites vacances, je m'en t...
Il s'interrompit brusquement, sa voix était suraiguë et j'imaginai l'ouragan antillais de ses yeux.
- D'accord, Albert, je veux bien croire que l'enquête nécessite notre présence, mais c'est surtout l'arthrose de votre genou droit qui a besoin d'un coup de chaud immédiat et...
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Furieux, il avait raccroché. Alan, pendant ce temps, s'était rassis. Il riait.
- Je crois que nous pouvons attendre un peu pour notre petit voyage.
Et c'est ainsi que le commissaire débarqua avec l'ineffable Victor Mirabelle et l'extraordinaire Manuel
Painsec. -
La
Seine comporte de multiples facettes tels les yeux d'une mouche. On y
pêche (à la mouche), on y navigue (sur des
bateaux-mouches), on flâne sur ses berges, on traverse ses
ponts,
on la peint, on la photographie, on la survole, on l'enjambe, on la
chante, on l'aime... Avec ses méandres, ses remous aux
écluses, avec ses eaux noires quand tombe la nuit, ne
serait-elle pas le témoin de quelque sombre histoire ? Ses
boucles n'ont-elles pas tendance à nous emmêler,
à
nous faire perdre le fil ? Sur ses rives, dans ses îles, dans
les
péniches, mais plus encore dans les habitations toutes
proches
de ce fleuve, se jouent des drames. Que de mystères nous
cachent
ainsi les bords de Seine ?
Ce
livre regroupe les nouvelles des lauréats au concours
organisé en 2007 par l'association « Les Amis du
Livre
» de Carrières-sur-Seine. L'ordre de
présentation
de ces nouvelles est sans rapport avec leur classement. Il n'y a pas
réellement de logique et vous pouvez d'ailleurs les lire
dans
n'importe quel ordre. S'il fallait cependant ne pas laisser
complètement le champ libre au hasard, on pourrait commencer
par
le coeur de la Seine. L'île de la Cité en
plein
centre de Paris, autrefois Lutèce, n'est-elle pas le mieux
placée pour trouver un point de départ ?
Après
avoir ainsi choisi la nouvelle qui débute ce recueil, il
nous a
semblé possible de trouver un lien avec la suivante. On
passe
ainsi de « Qui a volé la gargouille de Notre-Dame
?
» à une autre question en rapport avec le
religieux
« Qui fait chanter l'abbé ? ». On change
ensuite de
péniche pour s'intéresser au « Chat de
gouttière ». On reste dans les sentiments
poignants
avec « La pomme d'amour ». Pas de chance,
là
s'arrête notre logique ! À moins que ce soit la
malchance
du personnage précédent qui soit contagieuse. En
effet,
comment ne pas être indigné par ce qu'il advient
lors du
« Retour de Bérengère » ?
Tant qu'à
faire un retour, revenons au coeur, non plus celui de Paris,
mais
celui d'« Un coeur en soie ». Ne croyez
pas
qu'après six nouvelles, on ne puisse pas trouver encore plus
de
noirceur dans le coeur des hommes et des femmes ! Il ferait
pourtant si bon vivre en paix à l'ombre des «
Populus Alba
». À ce stade, il suffit parfois à la
police de
laisser les mystères se dénouer tout seul. Il
faut dire
que les commissariats ont tellement de « Crimes de Seine
»
au quotidien. Que de victimes après huit nouvelles !
Parfois, la
victime a eu chaud, ou plutôt très froid, comme
dans cette
« Odieuse mise en Seine ». Finalement, la vie, la
mort,
ça va, ça vient, ça
s'équilibre comme dans
le « Coup du mandarin ».
Nous
espérons que vous prendrez plaisir à lire tous
ces
auteurs inconnus à qui nous sommes ravis d'avoir offert un
petit
espace de publication, une sorte de petit coin de soleil en bord de
Seine.
NB : Que les perdants de ce concours ne prennent
pas la mouche. Nous les remercions également d'avoir
participé.
-
1. C?est reparti
Cherche ta mère dans les recoins les plus reculés de la
planète. Trace dans ta pauvre imagination les traits du visage
de ton père. Tu endures encore aujourd?hui la légende
qui court après lui et rattrape sans cesse tes espoirs d?échappement
avec une célérité que tu maudis. Oui, c?est certainement
la vérité : ton père était un homme riche. Un homme
très riche. Comment le sais-tu ? Puisque tu es frappé d?une
amnésie mystérieuse concernant ta petite enfance. Puisqu?il
n?y a que le rêve qui puisse t?aiguiller vers le passé. Est-ce
un rêve qui t?a donné de ton père l?image spectrale de ce clochard
flamboyant, beau, magnétique et viril qui a hanté les
nuits de ta mère après ton abandon ? Merde. Aucune importance.
Gros René t?attend au bar. Bordel, ce piano est
miteux ! Tu n?arriveras jamais à pondre trois notes justes
sur ce foutoir à queue qui doit sonner comme une casserole
crevant de la rouille. Gros René n?est pas généreux, son café
est infâme, ses clients sourds comme des puceaux masturbés,
ton salaire misérable, la bière dégueulasse (et encore
décomptée !) mais? Oui, tu peux les aligner les mais t?as
pas un rond? Ton père était-il un homme riche, Ouest ?
Quoiqu?il en fût, il ne t?a rien laissé. Pas même un prénom correct autre que ce sobriquet ridicule tout droit sorti d?un mauvais roman. Quel est ton nom, petit homme ?
-
Enroulée dans sa maigre et malodorante couverture, cela faisait
bien dix fois qu'elle se retournait sur la banquette où elle s'était
réveillée en revenant de cette soirée avec sa cousine belge chez
qui elle passait ses vacances. Une fois de plus, elle ouvrit les yeux
et tenta de percevoir dans la pénombre ce qui l'entourait dans la
pièce où elle se trouvait. Mais le noir était total et, malgré la chaleur
ambiante, elle avait une immense sensation de froid. Il faut
dire qu'elle ne savait pas dans quelles circonstances elle s'était
retrouvée à moitié nue sous une fine couverture. Elle avait bien
cherché à tâtons ses vêtements mais n'avait rien trouvé. À chaque
mouvement, elle sentait le sang lui battre les tempes et se mouvoir
lui demandait des efforts surhumains. Elle réussit quand même à
se redresser sur ses coudes et à fixer le seul point lumineux que
ses yeux embrumés pouvaient percevoir dans le noir. Ce devait
être, selon elle, la lumière filtrant par le trou d'une serrure.
Alors qu'elle tentait de se lever, le bruit fracassant qui l'avait
déjà fait sursauter une dizaine de fois se fit à nouveau entendre.
Figée sur place, elle porta ses mains aux oreilles tant il lui blessait
les tympans et résonnait encore de longues minutes dans sa tête
lourde après qu'il se soit arrêté.
Comme à chaque fois qu'elle pliait le bras, elle pouvait ressentir
la douleur d'une piqûre dans le creux du coude. Elle attendit
que le silence revienne et, prudemment, ôta les mains de ses
oreilles en notant au passage qu'elle n'avait plus les grandes boucles
d'oreilles qu'elle portait habituellement. Elle sentit monter en elle
la peur, et les larmes envahirent ses yeux. Elle ne comprenait rien
de ce qui lui arrivait ! -
Extrait
Il est 6 heures du matin. Une sirène hurle sur le navire. C'est le signal prévu pour le début de l'opération. John saute de sa couchette et regagne le pont, suivi de ses amis et de tous les hommes.
Le jour se lève, il est gris, le temps est froid et pluvieux. Le vent soulève des vagues de plus de deux mètres, la bateau tangue et les hommes sont obligés de s'accrocher au métal glacé du navire, pour ne pas passer par-dessus bord.
Les bombardiers B 24 chargés de détruire les blockhaus et autres défenses côtières volent à basse altitude à cause du manque de visibilité et apparemment hésitent à larguer leurs bombes.
Au même moment, tous les navires de guerre ouvrent le feu. Le vacarme est épouvantable.