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jean teulé
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Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose : grandiose !
Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile. -
Si l'oeuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu'il a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.
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Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Imaginez un magasin ou l'on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable ou surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre..
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Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C'était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan. Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l'homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, aux emprisonnements, à la ruine, aux tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine l'homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme. Il fallait le talent et la verve de Jean Teulé pour rendre hommage à cet oublié de l'Histoire - personnage hors du commun - qui, l'un des tout premiers, osa affronter à visage découvert le pouvoir absolu de son époque.Prix Maison de la Presse 2008Grand prix Palatine du roman historique 2008Prix de l'Académie Rabelais 2009
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Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement Et s'est répandue dans Strasbourg De telle sorte que, dans leur folie, Beaucoup se mirent à danser Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois Sans interruption, Jusqu'à tomber inconscients. Beaucoup sont morts.Chronique alsacienne, 1519
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Après Rimbaud et Verlaine, Jean Teulé ne pouvait mieux clore son voyage en Poésie qu'en endossant avec orgueil et humilité les haillons magnifiques de François Villon.
Donc, tu écris des poèmes... Et depuis longtemps ? ? J'ai commencé vers l'âge de quatorze ans. ? Ah bon ? Cela fait sept ans... Et pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Vous saviez qu'il écrivait des poèmes, vous, Trassecaille ? ? Non. Lorsque le chanoine et son bedeau sont entrés dans la taverne flamboyante, pleine du cri des buveurs et du ricanement des ribaudes, moi, j'étais, de dos, debout sur une table. À vingt et un ans, clerc tonsuré le matin même ? parce qu'en ce jour du 26 août 1452 j'ai enfin obtenu ma maîtrise ès arts... ?, j'avais les jambes écartées dans ma nouvelle robe de bure et les bras étendus de chaque côté. Chaussé d'amusants souliers rouges qu'on m'avait prêtés, je m'étais coiffé d'un chapeau de fleurs et roulais des yeux sur un public tout acquis à ma cause. Il y avait là des ouvriers, des étudiants, des marins du port de Saint-Landry, des clercs de la Cité et des putains qui allaient reprendre en choeur le refrain de mon poème. J'avais tendu un doigt vers la blouse plissée d'un apprenti coiffé du calot des tailleurs de pierre et, d'un débit rapide et saccadé, lui avais assené le début de ma " Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie ": ? Car que tu sois faux pèlerin, tricheur ou hasardeur de dés, faux-monnayeur, et que tu te brûles comme ceux que l'on fait bouillir, traître parjure, déshonoré, que tu sois larron, chapardeur ou pillard, où s'en va le butin, que croyez-vous ? La salle entière répondit : ? Tout aux tavernes et aux filles !Je m'étais ensuite adressé à Robin Dogis qui, attablé, avait interrompu sa partie de glic. Je lui fis signe de reprendre les cartes : ? Toi, rime, raille, joue des cymbales ou de la flûte comme ces sots déguisés et sans vergogne, fais le bouffon, bonimente, joue des tours et trompe, monte des farces, des jeux et des moralités dans les villes et dans les cités, gagne aux dés, aux cartes, aux quilles, de toute manière le profit ira, écoutez bien !... La salle : " Tout aux tavernes et aux filles. " Puis changeant soudain de ton, je m'étais penché vers Tabarie pour lui minauder à voix basse : ? Mais si tu recules devant de telles horreurs, alors laboure, fauche champs et prés, soigne et panse chevaux et mules si tu n'as pas fait d'études : tu gagneras assez si tu sais t'en contenter ! Mais même si tu broies et entortilles le chanvre, n'offres-tu pas le gain de ton labeur... " ...Tout aux tavernes et aux filles ? " lui avaient chuchoté clercs et marins, ouvriers et putains. Puis j'avais sauté de la table en faisant violemment claquer les talons de mes chaussures rouges sur la dalle. Et comme un diable, genoux pliés, j'avançais entre les tables vers le fond de la salle, attrapant au passage des bonnets, des calots, des faluches, des voiles, des tissus et, c'est en les enserrant dans mes bras que j'avais conclu ma ballade : ? Vos chausses, pourpoints à aiguillettes, robes et toutes vos hardes, avant que vous ne fassiez pire, portez...? Tout aux tavernes et aux filles !Puis je m'étais retourné et avait lancé tout en l'air. Je fus acclamé, on tapait du poing contre des tonneaux : " François ! François ! " Il y avait autour de moi autant d'anges que si j'étais Jésus-Christ soi-même. On passait des commandes de boissons : " Holà ! Des pots ! " " Desquels ? " " A-t-on été quérir ces pots ? " " On vous les porte ! " Le tavernier avait frappé dans ses mains pour hâter le service. Les ribaudes s'étaient levées, ouvrant leurs robes ? Marion la Dentue appelée l'Idole, Jeanne de Feuilloy, Marguerite Voppine, Jeanne la Vilaine... toutes ces bordelières de la rue Glatigny, femmes di mor sorte qu'on renverse aussi dans les fossés des remparts. Des poules volées à Saint-Germain-des-Prés tournaient embrochées dans la cheminée. Et c'est alors que j'avais découvert le chanoine et son bedeau près de la porte d'entrée. Je m'étais dirigé vers eux : " Maître Guillaume, mais qui vous a dit que j'étaislà ? " Mon tuteur avait soupiré : ? Donc, tu écris des poèmes... Et depuis longtemps ? ? J'ai commencé vers l'âge de quatorze ans. ? Ah bon ? Cela fait sept ans... Et pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Vous saviez qu'il écrivait des poèmes, vous, Trassecaille ? " Non ", répond le bedeau, voyant s'avancer vers lui une fille voûtée vêtue d'une robe rouge qui se présente en disant : " Voici maintenant le corps venu ici pour satisfaire votre plaisir. " Un sourire affreux entrouvre ses lèvres et montre à ses gencives maigres des dents noires comme la faïence d'un vieux poêle. Gilles en a un mouvement de recul. Je ris : ? Laisse, la Machecoue, tu n'es pas son genre. Et tandis que la " folle de son corps " repart, jambes cagneuses, en traînant ses chaussons vers d'autres gars qui la refusent, je conduis mon tuteur et le bedeau jusqu'à une table qui va, s'écroulant d'un côté. Sous les poutres du plafond noir, maître Guillaume en soutane contemple le délire des flambeaux qui rougit tristement les murailles : ? François, pourquoi dis-tu des ballades ? ? On ouït bien le rossignol chanter. Une fille m'apporte une volaille : " Voilà le canard que tu as étranglé sur les fortifications. " Je demande au chanoine et au bedeau : " Que voulez-vous boire ? Rien ? Mais si... Un lait de chèvre, de vache ? Plutôt non, dis-je à la servante. Sers-leur deux eaux de gingembre et pour moi un hypocras. " Dans la salle, Tabarie circule de table en table et vend aux étudiants, aux clercs, des copies de ma ballade. ? Gagnes-tu quelques revenus avec ces " beaux diz " ? m'interroge mon tuteur. Tu parais ici aussi à l'aise qu'un brochet en Seine. Donc, au lieu d'étudier, tu écrivais des poésies et assiégeais les tavernes. Poète et ribaud tout ensemble, hein ! Fais attention de ne pas passer de la plaisanterie à la criminalité, jeune merle, continue-t-il devant l'eau de gingembre qu'on vient de déposer devant lui. Il se lève. Gilles plisse les yeux, pommettes et lèvres épaisses remontées parce qu'il voit mal. Je me lève aussi : ? Maître Guillaume, ces cinq dernières années, Paris a perdu un quart de sa population. La peste a tant tué que je m'étonne de vivre encore. Et du sursis, je veux profiter. ? Deviens sérieux. ? Je n'en ai pas la moindre envie. Et je les quitte tous les deux en dansant le pied de veau. Bras en corolle par-dessus mon chapeau de fleurs, je tournoie et emporte l'ironie atroce de ma lèvre. Le chanoine, suivi du bedeau, se dirige vers la porte d'entrée : ? Nous avons perdu en François un honnête homme mais avons gagné à jamais un grand poète... -
L'histoire du roi qui ne voulait pas mourir
Jean Teulé
- Mialet Barrault Éditeur
- Littérature française
- 18 Octobre 2023
- 9782080295613
Jean aimait rire de la mort. Il se moquait de l'embarras des survivants.
"Je vous préviens : je n'irai pas à votre enterrement", et il éclatait de ce rire énorme dont il avait le secret.
Le 18 octobre 2022, une bactérie sournoise l'a foudroyé.
Il laisse un vide, un silence, un manque insondable.
Il laisse aussi la première partie du manuscrit qu'il était en train d'écrire. L'histoire de Louis XI, ce monarque singulier qui, tout en étant de ceux qui ont posé les fondations de la nation française, a commis les plus effroyables crimes qu'on puisse imaginer.
Ses amis nous ont convaincus de publier ce texte inachevé. Philippe Jaenada, Enki Bilal, Dominique Gelli, Florence Cestac, François Delebecque, Philippe Druillet et Benjamin Planchon ont improvisé des textes et des images sur la dernière création de Jean Teulé. -
Charles IX fut de tous nos rois de France l'un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint- Barthélemy, qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous. Pourtant, il avait un bon fond.
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Après le succès du Montespan, Jean Teulé retrace, avec l'humour noir et l'esprit décalé dont il a le secret, un événement historique extraordinaire et méconnu...
Nul n'est à l'abri de l'abominable. Nous sommes tous capables du pire ! Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C'est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d'un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l'occasion pour promouvoir son projet d'assainissement des marais de la région. Il arrive à quatorze heures à l'entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ? Comment une population paisible (certes angoissée par la guerre contre l'Allemagne et sous la menace d'une sécheresse exceptionnelle) peut-elle être saisie en quelques minutes par une telle frénésie barbare ? Au prétexte d'une phrase mal comprise et d'une accusation d'espionnage totalement infondée, six cents personnes tout à fait ordinaires vont pendant deux heures se livrer aux pires atrocités. Rares sont celles qui tenteront de s'interposer. Le curé et quelques amis du jeune homme s'efforceront d'arracher la malheureuse victime des mains de ces furieux et seule Anna, une jeune fille amoureuse, risquera sa vie pour le sauver. Incapable de condamner six cents personnes d'un coup, la justice ne poursuivra qu'une vingtaine de meneurs. Quatre seront condamnés à mort, les autres seront envoyés aux travaux forcés. Au lendemain de ce crime abominable, les participants hébétés n'auront qu'une seule réponse : " Je ne sais pas ce qui m'a pris. " Avec une précision redoutable, Jean Teulé a reconstitué chaque étape de cet atroce chemin de croix qui constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'Histoire du XIXe siècle en France. -
À la fin de sa vie, Abélard écrivait à Héloïse : " Tu sais à quelles abjections ma luxure d'alors a conduit nos corps au point qu'aucun respect de la décence ou de Dieu ne me retirait de ce bourbier et que quand, même si ce n'était pas très souvent, tu hésitais, tu tentais de me dissuader, je profitais de ta faiblesse et te contraignais à consentir par des coups. Car je t'étais lié par une appétence si ardente que je faisais passer bien avant Dieu les misérables voluptés si obscènes que j'aurais honte aujourd'hui de nommer. "Depuis quand ne peut-on pas nommer les choses ? Jean Teulé s'y emploie avec gourmandise.
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Ce fut une enfant adorable, une jeune fille charmante, une femme compatissante et dévouée. Elle a traversé la Bretagne de part en part, tuant avec détermination tous ceux qui croisèrent son chemin : les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants et même les nourrissons. Elle s'appelait Hélène Jégado, et le bourreau qui lui trancha la tête le 26 février 1852 sur la place du Champs-de-Mars de Rennes ne sut jamais qu'il venait d'exécuter la plus terrifiante meurtrière de tous les temps.
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"J'ai aimé passionément ce livre pour l'esprit et la liberté qui le guide. C'est comme si Jean Teulé avait joué l'alphabetblues des voyelles de Rimbaud sur la trompinette de Boris Vian." Jean Vautrin
J'ai aimé passionément ce livre pour l'esprit et la liberté qui le guide. C'est comme si Jean Teulé avait joué l'alphabetblues des voyelles de Rimbaud sur la trompinette de Boris Vian. A chaque chapitre s'ajoute une couleur. La poésie est une angoisse fondue qui tourne parfois au fou rire.
Robert se prend pour Rimbaud. Il a trente-six ans. Des yeux de porcelaine/. C'est un type dans les deux mètres, avec des cheveux copeaux sur la tête. Il a toujours habité Charleville-Mézières, une maison de silence. Il a appris à respirer l'air du large, enfermé dans une armoire. Au coeur du bois il a gravé le mot "bateau". Isabelle est standardiste à la SNCF. Elle se prend pour un buisson d'aubépines. Entre eux s'embrase le feu bactérien. Même un borgne appelerait cela l'amour. La jeune fille essaie d'apprendre au puceau les mais et les corps qui se donnent en réponse. Robert, ses voix sont ailleurs, sorties des pages d'un volume de la Pléiae. Impérieusement, c'est Rimbaud qui commande. Sous un soleil de feu, ivres zigzags au travers d'une Afrique non conforme, Isabelle le suit jusqu'à l'heure extrême de la mort arc-en-ciel.Jean Vautrin -
Comme le disaient Mozart et Shakespeare : " Il est très agréable de jouir d'un don exceptionnel, mais il ne faut pas oublier que c'est une source inépuisable d'embêtements. " À 12 ans, Lou partage absolument cette opinion. Au prétexte qu'elle est en mesure de faire tomber immédiatement les pires calamités sur la tête de tous ceux qui la contrarient, on l'enferme dans un endroit secret en compagnie de militaires haut gradés pour qu'elle devienne une arme absolue capable de mettre en échec les plans malveillants des ennemis du pays ou, pire, d'ourdir de méchantes et sournoises manoeuvres afin de causer des torts effroyables à d'autres nations. De telles occupations n'offrent pas à une adolescente les satisfactions que la vie aurait pu lui promettre. D'autant que son super pouvoir, aussi extraordinaire soit-il, ne fonctionne pas toujours comme prévu. Rien ne pouvait mieux inspirer Jean Teulé que d'imaginer les horreurs qu'un être humain bien disposé peut infliger à ses contemporains.
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Respirez ! À fond ! Et laissez-vous emporter par la fantaisie malicieuse et cruelle de Jean Teulé qui dit l'extraordinaire des destins ordinaires.
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Un soir, une jeune femme aborda Jean Teulé...
Un soir, une jeune femme aborda Jean Teulé. Curieusement affublée, elle semblait sortir d'un sketch des Deschiens mais son regard, sa démarche et son assurance gouailleuse intriguèrent l'écrivain. Elle dit s'appeler Darling, vouloir raconter son histoire afin qu'il en tire un livre. Elle estimait qu'ils rendraient tous les deux un grand service à leurs contemporains en montrant qu'on peut toujours s'en sortir en dépit de la violence et des catastrophes qui vous tombent sur la tête. En écoutant le récit de Darling, Jean Teulé a entendu l'éternelle lamentation de ceux qui traversent les déserts abominables des vies sans affection, sans respect, sans ressource. Mais il a discerné aussi la voix d'une personnalité étonnante, la voix d'une femme capable de dévisager le malheur avec insolence et d'en parler avec des mots étonnamment justes. De son frère, mort bizarrement dans un accident de la route, elle dira : Quand je l'ai vu, la tête transpercée par une barre de fer tombée d'un camion, j'ai trouvé qu'il ressemblait à un joueur de baby-foot. Succession de coups durs, de rebuffades, d'humiliations, de rêves salopés, de tortures morales et physiques, sa vie a été une longue et lente chute sur le toboggan social d'une France impitoyable, descente aux enfers dont chaque étape lui a laissé une cicatrice incurable. Jean Teulé n'a pas voulu écrire une biographie, il a tenté de rendre, à travers l'écriture romanesque, la trajectoire baroque et tragique d'une femme exceptionnelle que le sort accable, que la société ignore et méprise et qui, pourtant, continue inlassablement à se battre pour redonner à sa vie une cohérence et un but. Grâce à ce roman tendre et terrible, drôle aussi, Jean Teulé - dont le premier livre Rainbow pour Rimbaud a rencontré un immense succès - confirme toute la profondeur et la richesse de son talent. -
Dans trois heures, le lieutenant Pontoise ne sera plus de permanence et pourra, le temps d'un dimanche, oublier les turpitudes et tes angoisses du difficile métier de policier. A cet instant précis, une femme entre dans le commissariat et s'accuse d'avoir assassiné son mari. Quand et comment l'a-t-elle occis ? En le poussant, il y a quelques années, par la fenêtre de leur appartement du onzième étage. Pourquoi ? Il buvait et il la battait, elle et ses enfants. Comment se fait-il qu'on ne l'ait pas arrêtée à l'époque ? Elle a dit qu'il s'agissait d'un suicide et tout le monde l'a crue. Alors pourquoi se dénoncer des années après ? Parce qu'elle a des remords. Et pourquoi justement ce soir ? Parce que ça s'est passé il y a dix ans jour pour jour, et que demain le crime sera prescrit. Le lieutenant Pontoise n'en croit pas ses oreilles. Il refuse d'entendre de telles âneries. Jamais il n'arrêtera cette femme qui a commis le crime parfait en débarrassant la société d'un franc salaud, pense-t-il. Qu'elle aille cuver ses remords chez elle. Mais ce n'est pas l'avis de la meurtrière...
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Vous qui, sur les talons de Jean Teulé, entrez dans l'univers carcéral,vous allez affronter l'épouvante en riant aux éclats...
Dans la cellule 203, ils sont quatre:Jacky Coutances, maigrichon et sournois, a probablement tué trois de ses amoureuses dont on n'a jamais retrouvé les corps;Sergueï Kazmarek, colosse illettré et irritable, a rendu hémiplégique une jeune mariée dont le futur époux avait eu la mauvaise idée de lui faire une queue de poisson;Pierre-Marie Poupineau, pataud et bonhomme, a trop aimé les enfants en général et ses belles-filles en particulier. Elles ont attendu la mort de leur mère pour l'envoyer en prison;Et Sébastien Biche, instituteur fragile, a, dans un moment d'épuisement et de folie, tué son bébé en lui cognant la tête contre la cheminée.Dans la 108, elles sont trois:Corinne Lemonnier, monstre femelle qui offrait ses neveux et ses nièces aux plaisirs sadiques de son amant;Nadège Desiles, qui a tué son bébé à sa naissance par crainte de déplaire à son mari;Et Rose Allain, dont tout laisse à penser qu'elle est là par erreur.Jacky aime Corinne et Corinne aime Jacky. Ils ne se connaissent que par les mensonges amoureux qu'ils échangent en hurlant, chacun collé aux barreaux de leur fenêtre respective.Kazmarek fait lire et écrire ses lettres d'amour par ses codétenus contre de menus services (comme d'accompagner Poupineau à la douche pour lui éviter de se faire sodomiser, car la prison est dure aux pédophiles).Sébastien Biche s'étiole en silence.Nadège Desîles, elle, s'est prise d'affection pour le deuxième barreau de la fenêtre de sa cellule où elle croit reconnaître son mari tant aimé.Et tout le monde plaint la petite Rose Allain, qui est si mignonne.Le directeur fou d'amour pour son épouse stérile sombre lentement dans une douce démence alors que, tel un choeur antique, les gardiens commentent et explicitent les lois étranges qui régissent cet enfer.Et si l'un d'entre eux croit pouvoir franchir la ligne invisible qui sépare ceux qui sont détenus de ceux qui les gardent, il en crève.Peut-être aurez-vous le sentiment que Jean Teulé a poussé le bouchon un peu trop loin. Que son imagination enfiévrée et son goût immodéré de la provocation l'a poussé hors du cadre. Que son amour de la phrase enlevée, du mot juste et de la scène explosive l'ont fait disjoncter. Sachez simplement que les histoires qui tissent ce roman magnifique sont tirées de faits authentiques. -
Un critique a écrit : "La peinture de Sainte-Rose est à placer sur la pyramide des larmes."
Ce talent à saisir l'expression d'un désarroi déchirant, Sainte-Rose l'a d'abord exercé en reproduisant avec minutie le regard très particulier des foetus de canard. La vogue des portraits de foetus morts s'épuisant, il s'est attaqué aux humains vivants. Pour faire surgir dans l'oeil de ses modèles cette même lueur d'effroi halluciné, il leur balance des vacheries abominables au moment adéquat.L'ambition venant avec le succès, il décide de s'attaquer au portrait d'un couple. Le projet pose problème. Comment faire surgir cette fameuse lueur chez deux personnes différentes, exactement au même moment ?Pour atteindre ce sommet de son art, Sainte-Rose monte une véritable machination. Il organise la rencontre de deux de ses amis qui, au demeurant, lui sont très chers.À cinquante ans, Hélène est une femme superbe qui gère sa vie et sa carrière d'une main de fer. Roland, à quarante, laisse les siennes se débrouiller comme elles l'entendent. Ils ont en commun de souffrir d'un grand manque affectif et les mettre en présence revient à jeter une allumette dans une pinède un jour de canicule et de grand vent.La passion qui les noue est immédiate et sauvage.Sainte-Rose exulte.Il referme le piège en donnant à Roland l'idée d'écrire l'histoire de deux amants qui se jurent de ne jamais tricher et de toujours dire tout ce qu'ils pensent et tout ce qu'ils ressentent. Aveuglés par la passion, Hélène et Roland s'emparent de cette gageure avec l'enthousiasme et la jubilation de deux enfants découvrant un nouveau jeu. Mais où est la limite ?L'affrontement brûlant et somptueux de ces deux magnifiques personnages est un pur régal.En refermant le livre, on éprouve ce sentiment délicieux que provoque l'assurance que l'amour sait triompher des épreuves les plus rudes. À la réflexion, on se dit que si l'envie vous prend de jouer à ce jeu fascinant, il est préférable d'avoir une grosse santé et de bien choisir son partenaire. -
Le centre du monde est à Calais, entre les falaises de craie et le trou dans le Channel. Le centre d'un monde où passent les orbites de six planètes bien humaines. Pâques, beauté métisse venue d'Inde, joue le rôle du soleil. Chacune lui tourne autour, attiré par sa chaleur. Depuis la nuit des temps, ces planètes sont appelées à se percuter, pour faire jaillir des gerbes de bonheur lilas. Et pour que ce miracle advienne, un crime doit être commis.
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Ballade pour un père oublié
Jean Teulé
- Julliard
- Littérature Française Julliard
- 27 Octobre 2011
- 9782260018810
C'est l'histoire d'un garçon surprenant, l'allure insolite. C'est l'histoire d'un garçon qui vit connue on rêve : sitôt disparu, on ne s'en souvient plus. Et puis, un jour, le voilà papa ! Enveloppant bébé dans un vieux journal, il quitte la maternité sans en aviser ni la mère ni personne. L'enfant sous le coude, il part en cavale à la rencontre des femmes de sa vie. Les femmes connues, les femmes aimées, les femmes croisées : Carla, l'anonyme du jardin des Tuileries, Denise, le professeur d'arts plastiques, Héloïse, la petite amoureuse... Toutes le racontent, l'une après l'autre, cruelles, tendres ou drôles. Mais nulle ne le reconnaît. Dans ce road- movie insolite, les femmes sont des ports, des gares : éternelles mais amnésiques. Il faudra tout le miracle et le paradoxe de la paternité pour qu'un enfant, enfin, reconnaisse son père...
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Les derniers mois de la vie de Verlaine... Alcoolique grandiose, amant frénétique et désordonné, il tituba jusqu'au tombeau entre l'ignominie et le sublime.
La vie de Verlaine fut extravagante, mais ses derniers mois touchèrent au surréalisme. Il n'avait que cinquante et un ans, perclus de maux : syphilis, altération sanguine, diabète, souffle au coeur, cirrhose du foie, erysypèle infectieux, hydarthrose, pneumonie (il fallut ajouter une seconde pancarte au pied de son lit d'hôpital pour en dresser la liste complète). Et c'est au moment où il ne lui restait qu'une poignée d'admirateurs inconditionnels (dont le préfet Lépine qui interdit aux policiers du Quartier latin d'arrêter Verlaine quelles que soient ses frasques), au moment de la pire déchéance matérielle et morale, au moment où les gloires de l'époque l'accablaient de leur mépris, qu'une vague de sympathie naquit chez les étudiants qui en firent leur idole. Ils aimaient sa liberté de ton, la force de ses anathèmes, le désordre de sa vie, le génie de sa poésie. Ils se battaient pour l'écouter dans les cabarets, étripaient les mauvais esprits qui ne partageaient pas leur passion, encombraient sa chambre d'hôpital pour l'écouter déclamer et lui assurèrent à sa mort des funérailles grandioses. Ce jour-là, le Destin poussa la générosité jusqu'à faire tomber le bras de la Poésie après que le corbillard fut passé sous la statue de Carpeaux qui orne la façade de l'Opéra...Fol amoureux de cet homme magnifique et terrifiant, Jean Teulé raconte ces derniers mois extravagants à travers les yeux d'un personnage réel, le jeune Henri-Albert Cornuty, cet adolescent de Béziers qui décida de monter à Paris à pied dans le seul but de rencontrer Verlaine. -
Crénom, Baudelaire ! Tome 1 : Jeanne
Dominique Gelli, Tino Gelli, Jean Teulé
- Éditions Futuropolis
- Albums Futuropolis
- 5 Avril 2023
- 9782754832113
Fresque en 3 tomes, cette adaptation initiée par Jean Teulé fait la part belle à l'image et l'imaginaire. En trois volumes, elle s'attarde sur les grandes périodes de la vie de Baudelaire et enlumine de peintures expressionnistes les grands poèmes qui jalonnent le récit. Teulé montre un homme qui travaillait ses vers sans relâche, qui voulait réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime, et qui a changé à jamais, avec les Fleurs du Mal, la poésie française.
À Namur, en sortant d'une église, Baudelaire fait une mauvaise chute qui lui fait lâcher ce juron : Crénom ! Il ne dira dès lors plus rien d'autre. Nous sommes en 1867. Il ne lui reste que peu de temps à vivre...
Enfant, il ne se sent heureux que dans les jupes de sa mère. À tel point que le décès de son père le réjouit car, désormais, la femme de sa vie ne sera que pour lui ! Son bonheur sera toutefois éphémère, car quelques mois plus tard elle épouse le chef de bataillon Jacques Aupick qui entend faire son éducation.
Après son renvoi du lycée Louis Le Grand, son beau-père l'envoie sur un navire partant vers les Indes pour une année qui doit en faire un homme. À bord, il évite les autres passagers pour se consacrer à la poésie dont il est persuadé qu'elle fera sa gloire. C'est à bord qu'il écrit les vers de L'albatros... -
Les derniers mois de la vie de Verlaine... Alcoolique phénoménal, amant
frénétique, bigame maltraité, le poète génial oscille depuis toujours
entre l'ignoble et le sublime. À 51 ans, son existence cataclysmique
laisse de nombreuses traces : un nombre invraisemblable de maladies
(syphilis, diabète, souffle au coeur, cirrhose du foie, pneumonie...),
des admirateurs qui ne sont plus qu'une poignée et des contemporains
qui l'accablent de leur mépris... C'est alors, qu'en quelques semaines,
la jeunesse du Quartier latin en fait son idole. Ils admirent sa
poésie, la force de ses anathèmes, le désordre de sa vie, se battent
pour l'écouter dans les cabarets et se ruent à son chevet. Ainsi,
encore une fois, le destin du poète le conduira de l'infamie au
grandiose. -
L'écrivain ; Jean Teulé ; entretien inédit par Jean-Luc Hees
Jean-luc Hees, Jean Teulé
lu par Jean-Luc Hees; Jean Teulé- Audiolib
- 7 Juin 2017
- 9782367623924
C'est par la bande-dessinée que Jean Teulé investit le monde des livres : d'abord publié dans la revue L'Écho des Savanes, il publie son premier album, Virus, dès 1980, âgé alors de 27 ans. Encore très prolixe dans ce domaine (il a signé ou co-signé près de 20 albums), il est aujourd'hui davantage connu du grand public pour ses romans : Darling, Je, François Villon, Le Magasin des Suicides, Le Montespan, Fleur de tonnerre... Dans ces textes, bien souvent construits sur une réalité historique, il sait à la fois parler d'amour et d'humanité, tout en maniant une plume cynique, parfois très crue, ce qui lui procure une vraie singularité d'écriture.
D'où tire-t-il cette originalité ? Sa passion pour l'histoire porte-t-elle son métier d'écrivain ? Quels ponts fait-il entre sa pratique de dessinateur et celle de romancier ? Il revient, auprès de Jean-Luc Hees, sur plus de trente ans de création.
« À chaque fois que je démarre un livre, j'ai l'impression d'être à poil ! [...] Écrivain, ce n'est pas un métier d'artisan, mais d'artiste, on ne fait que des prototypes.» Jean Teulé
© et (P) Audiolib, 2017
Durée : 0h51