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Editions Champ Vallon
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Les raisons de la haine ; histoire d'une passion dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1659)
Yann Rodier
- Editions Champ Vallon
- EPOQUES
- 2 Janvier 2020
- 9791026708483
Diagnostiquer, décrypter et domestiquer les passions de l'âme, telle fut l'obsession des médecins, des lettrés, des théologiens, des hommes d'Eglise et d'Etat en ce premier XVIIe siècle. La hantise d'une reprise des guerres civiles, après un demi-siècle de déchirements, explique la naissance d'une science et d'une anthropologie nouvelles des passions. La haine est identifiée comme l'origine de la violence fratricide dans la cité. Capables de générer une émotion voire une haine publique, telle la xénophobie, les médias constituent un nouvel outil politique redoutable et redouté. Les raisons de la haine examinent à la fois les sciences mécaniques et politiques des passions, leur usage, leur instrumentalisation et leur domestication. Une invitation à comprendre les rouages de cette fabrique publique de la haine, d'une étonnante modernité !
Agrégé et docteur en histoire, Yann Rodier est Assistant Professor et directeur du département d'histoire à l'Université Sorbonne Abu Dhabi. Ses recherches portent sur l'histoire des sciences des passions, l'histoire des émotions et l'histoire des stéréotypes et des préjugés contre les étrangers. Ses recherches postdoctorales se sont intéressées à l'étude des minorités tsiganes en Europe. Une autre recherche en cours aux Émirats est orientée sur la diplomatie française dans le Golfe, le sultanat d'Oman et le Yémen aux xvii et xviii siècles. -
Ce livre retrace le destin méconnu de la plus importante des «bonnes villes» du royaume. De la Ligue à l'échecde la Fronde, entre 1594 et 1654, l'histoire politique de la «nation France» est celle de la construction del'absolutisme royal, pleinement incarné par Louis XIV. Cette histoire est aussi celle d'une mutation des rapports noués entre la royauté et ses élites provinciales soumises désormais à une autorité nouvelle, assujetties à des exigences redoublées. La figure de la «ville classique» du siècle des Lumières esquisse alors ses principaux traits tandis que s'estompent ceux de la cité du Moyen Âge et de la Renaissance, fière de son indépendance, de ses privilèges et de ses «libertés».
Du sacre de Henri IV à celui de son petit-fils, Lyon illustre l'ampleur des mutations politiques et culturelles à l'oeuvre au temps de la raison d'État. Pièce essentielle dans le jeu politique de la Ligue au point d'abriter deux de ses plus importants protagonistes, la cité doit reconnaître cependant l'autorité d'Henri IV et retisser avec lui les liens rompus de fidélité et d'amour qui justifiaient ses prérogatives et ses privilèges. L'histoire de la ville et de son consulat ne semble plus alors qu'interpréter une variation locale du triomphe de l'assujettissement des libertés urbaines sous le règne des deux premiers rois Bourbons et de leurs puissants ministres, Richelieu et Mazarin, comme en témoigne l'absence de révolte frondeuse à Lyon.
Toutefois cette lecture quelque peu univoque d'une «réduction à l'obéissance» où tout serait imposé par le sommet doit être corrigée, car dans les plis mêmes de l'absolutisme royal le consulat lyonnais a su construire un espace de liberté et conserver, paradoxalement, une forme d'indépendance nourrie par la culture d'ordre qui prétendait le soumettre. En imaginant autrement la politique, en aménageant leur relation avec le roi et ses représentants locaux, notamment le gouverneur, les prévôts des marchands et les échevins lyonnais affirmèrent leur indéfectible fidélité à la Couronne comme l'irréductible autonomie de leur pouvoir; en ce «siècle des saints», ils inventèrent un imaginaire capable de transformer leur ville en cité providentielle, au nom d'une transcendance supérieure à celle du souverain lui-même.
Centré sur l'imaginaire politique des élites lyonnaises, leur action et leurs songes, ce livre offre une compréhension renouvelée des mécanismes de l'Etat royal. Il met en évidence la construction d'un «absolutisme municipal» inattendu et singulier.