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Richard Millet
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C'est en Corrèze, sur le plateau de Millevaches, l'histoire de la famille Pythre, une histoire qui va de la fin du siècle dernier à nos jours. Au commencement, il y a André Pythre qui arrive un soir au village, venu d'un canton voisin, le bout du monde, avec une demi-idiote, sa femme ou sa domestique, on ne sait. André Pythre est un personnage hors du commun, taciturne et mélancolique, en qui semblent se résumer des siècles de privations et d'entêtement à survivre en même temps qu'une volonté féroce de s'en sortir, d'échapper au nom impossible, au granit, à l'eau, au ciel trop bleu, à la jalousie des autres, à cette terre noire et froide qu'il faut disputer aux genêts, aux ajoncs, à la pierre. Mais comment vaincre la «maudissure» qui vous suit, vous et les vôtres, depuis si longtemps, comment vaincre ce qui gît en vous-même et vous entraîne vers le silence et la nuit?
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Au milieu des vents, des pluies et des voix sombres des bois du plateau de Millevaches, dans la grande nuit corrézienne, voici l'histoire de trois femmes fières. Yvonne, Lucie, Amélie : les trois soeurs Piale.
Yvonne, l'institutrice, si consciente de son rang, de ses devoirs, et si riche de désirs. Elle incarne le respect, la dévotion aux clartés immuables de l'ordre, de la langue française, du savoir. Lucie, l'innocente, la simple, celle qui est lumineusement belle, un corps comme celui-là on n'en verrait pas même, dit-on, dans les bordels de Brive ou de Limoges, et la plus jolie figure avec ça, et qui ne le sait pas. Amélie, la révoltée, l'orgueilleuse et l'opiniâtre. La sauvage, déchue et triomphante, qui ne pense qu'à l'océan et aux grands bois.
Trois vies de femmes : l'interminable déception, les rêves qui se brisent comme de la vaisselle, un goût de vieille neige dans la bouche, et toutes ces chambres où l'on n'arrive pas à se réchauffer, l'enfance perdue, la stupeur, l'incrédulité devant le temps qui a passé, les rires blancs, l'acceptation de la mort et du recommencement, même s'il n'y a ni commencement ni fin, mais seulement ce don, ce versement de sang, cette cascade qui tombe d'être en être, interminablement. -
Dictionnaire amoureux : de la Méditerranée
Richard Millet
- Plon
- Dictionnaire amoureux
- 5 Mars 2015
- 9782259230360
Dans un vagabondage souvent personnel et parfois intime, Richard Millet nous rappelle que nous sommes tous les enfants de la Méditerranée.
Dans un vagabondage souvent personnel et parfois intime, Richard Millet nous rappelle que nous sommes tous les enfants de la Méditerranée. Deux rives, trois religions, vingt-trois pays riverains et une mer qui reçoit des noms divers selon les langues : Mare Nostrum pour les Romains, Mer blanche du milieu pour les Arabes, mer blanche pour les Turcs, mer du milieu des terres pour les Hébreux, les Serbes, les Berbères, les Arméniens, la Méditerranée se subdivise aussi en plusieurs mers : Adriatique, Tyrrhénienne, Egée, Ionienne... Jadis centre du monde, la Méditerranée reste un espace géographique et politique important, et le foyer de notre civilisation grâce à la Phénicie, à Jérusalem et Athènes, et bien sûr Rome. La division entre Orient et Occident tend aujourd'hui à s'estomper, à cause des migrations et de l'américanisation du monde. C'est pourquoi l'auteur préfère parler de Méditerranée au singulier, celle-ci étant envisagée dans sa dimension civilisationnelle plus que politique, et dans sa diversité toujours active.
Il sera donc question de pays (Albanie, Macédoine...), mais plus volontiers de régions (Kabylie, Côte Vermeille, Gaza...), de villes (Beyrouth, Istanbul, Barcelone, Venise...), d'îles (Ibiza, Elbe, Malte...), de personnages mythologiques (Jason, Antigone, Didon), historiques (Alexandre le Grand, César, Zénobie...), d'écrivains (Homère, Camus, Lampedusa...), de peintres (Caravage, Gréco, Barcelo), de musiciens (Falla, Albeniz , Milhaud), de cinéastes (Fellini, Pasolini...), d'acteurs (Mastroianni, Claudia Cardinale, Trintignant), de saints (Rabi'a, Angèle de Foligno, Thérèse d'Avila), de plats, du vin, des vents, du platane et du cyprès, du oud et du komboloï, et de bien d'autres choses, à partir de souvenirs personnels, de voyages, de lectures, de femmes, ce qui explique, comme toujours en amour, ces lacunes qui reçoivent le beau nom de préférences.... -
Il est professeur dans une banlieue difficile de Paris. Mais ses racines plongent au coeur de la province française : le Limousin, cette Corrèze des Piale, des Pythre, de tous ceux qui se débattent contre la maudissure. Dans ses classes les enfants sont durs et violents, peut-être le sont-ils d'autant plus qu'il est, lui, resté un enfant, l'enfant soumis d'un père tyrannique qui n'aime rien tant que contempler ses propres excréments tout en rêvant de forêts légendaires, l'enfant abandonné d'une mère trop tôt enfuie et qu'il recherche dans chaque femme. Lauve, Lauve le pur, est à jamais du côté de ceux qui ont tout perdu, qui ont toujours tort, ni là ni ailleurs, sans cesse autre part : intellectuel chez les paysans, provincial chez les parisiens, faible parmi les forts, innocent avec les innocents.
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Eesti ; notes sur l'Estonie
Richard Millet
- Gallimard
- Le sentiment géographique
- 27 Avril 2012
- 9782072453731
«Je suis arrivé à Tallinn dans la nuit, via Vilnius, par un petit bimoteur à peu près vide. Aéroport quasi désert, comme celui de la capitale lituanienne : nul policier, douanier, employé, voyageur, sinon deux ou trois ombres, furtives, de l'autre côté d'une paroi vitrée. Impression de voyager en songe, et dans la nuit des noms plus que sur la terre des hommes. L'Estonie me réconciliera-t-elle avec l'humain, dont le nombre m'inspire une horreur croissante?
Dehors, il fait moins vingt-trois degrés. Je me jette avec ivresse dans le froid, entre de hautes piles de neige sale.
Jamais je n'ai autant désiré le froid, lequel, à mon grand dépit, s'était dérobé, à Québec, en février 1998, comme il le ferait à Stockholm, en décembre 2001. Je garde en revanche un souvenir heureux de la longue nuit suédoise, où le peu de jour semblait le gant retourné de la nuit.» -
L'enfer du roman ; réflexions sur la postlittérature
Richard Millet
- Gallimard
- blanche
- 27 Avril 2012
- 9782072412363
«Nous sommes entrés dans l'ère postlittéraire. Un spectre hante la littérature : le roman, devenu à ce point hégémonique que toute la littérature semble s'y réduire. Le roman tue le roman : le roman international, insipide, sans style, immédiatement traduisible en anglais, ou traduit de l'anglais, l'unique objet d'une littérature sans autre histoire que le jeu de ses simulations, de ses plagiats, de sa fausse monnaie.
Il n'est donc pas question ici du cliché sur la décadence de la littérature française ni de la fin du genre romanesque, mais plutôt de ce qui est né avec Homère et qui relève de ce que, nous autres écrivains, nous continuons d'appeler la littérature.»
Richard Millet. -
La musique de Sibelius accompagne Richard Millet depuis qu'à Beyrouth, enfant, il jouait à quatre mains la fameuse Valse triste avec son père. Elle ne l'a jamais quitté. Sibelius s'est tu pendant les trente dernières années de sa vie, alors qu'il était devenu un monument national. Le mystère de ce long silence donne une résonance particulière à cette oeuvre, hantée par les forces élémentaires et la confrontation avec la nature. Ce livre se veut moins un commentaire musicologique de l'oeuvre ou une biographie que l'accompagnement spirituel d'une grande aventure artistique.
Prix de littérature André Gide -
Chacune de ces histoires raconte un secret, et chacune est à l'image du secret qu'elle raconte : retenue et mélancolique d'abord, et puis violente, cruelle. Elles se déroulent dans des provinces écartées, des provinces sentimentales aussi bien que géographiques, peuplées de femmes seules, d'adolescents tourmentés, de personnages titubants que la chair torture, et la solitude, et les regrets. Ils ont d'égales dispositions pour la droiture et la servilité, ils peuvent rester innocents jusque dans le mal qu'ils font avec aux lèvres un sourire de craie.
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Dans le train qui l'emmène en Hollande où il doit participer à une table ronde culturelle, le narrateur regarde le paysage et se perd parfois en lui-même. Il roule vers les beffrois dressés dans la plaine flamande et vers la Hollande des tableaux de Rembrandt ou de Vermeer. Il songe à la femme qu'il vient de perdre et à celle qui surgira peut-être à la faveur du voyage. Condamné à errer éternellement entre deux livres et entre deux femmes, il accomplit sa ronde de nuit, aux frontières du monde visible et du monde intérieur, là où l'amour de l'art, de la littérature et des femmes lui a rendu les vraies raisons d'espérer.
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«Je rassemble ici deux petits livres écrits à quelques années de distance : le premier en 1986, alors que le Liban était la proie d'une interminable guerre civile, et l'autre en 1994, lors de mon retour au Liban, après quelques années d'une étrange paix. Livres de l'exil et des retrouvailles ; livres hantés par l'enfance et par ce qui est aboli. C'est pourquoi, les relisant, je songe qu'ils appellent un autre livre sur mon enfance libanaise : livre rêvé depuis bien des années, mais auquel je sais que je ne pourrai me dérober infiniment, et grâce auquel je retrouverai peut-être ce que je croyais à jamais perdu.» Richard Millet.
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Un écrivain notoire et misanthrope se rend à Siom, en Limousin, d'où il est originaire, pour y rencontrer une jeune Libanaise qui travaille à une thèse sur la place de la femme dans son oeuvre. C'est surtout du rôle des femmes dans sa vie qu'il sera question, au cours de ces conversations nocturnes sur l'impossibilité de l'amour, le sexe comme art ou comme damnation, la littérature, la musique, la France, la mort de l'Europe, le Liban, la Suède enfin où, pendant quelques heures, l'écrivain a été le lauréat du prix Nobel de littérature, au coeur de ce théâtre de chair et d'ombre, dérisoire et irremplaçable, qu'est l'existence.
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Sous le nom de Tarnac, le village de son père, dans le haut Limousin, un futur comptable devient un expert en matière d'art, à quoi il ne connaît rien mais que son assiduité maladive aux vernissages rend plausible. Il devient célèbre. Il existe sans exister. Il aime la boisson, l'amour et, plus que tout, la netteté des chiffres.
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Une jeune Libanaise, chassée de son pays par la guerre de juillet 2006, se retrouve au Rat, prcs de Siom, dans le haut Limousin, avec son neveu et sa nicce, également exilés. Les étranges événements qui se dérouleront au Rat relcvent-ils de la peur, de la frustration sexuelle, ou de la folie? Ne faut-il pas plutôt croire que nous sommes tous, un jour ou l'autre, confrontés ´r de vrais fantômes?
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TEn 1997, au Liban, en un mois d'avril neigeux, je suis descendu chez les morts, par les tombeaux de Byblos, par la source sacrée d'Afqa, et par le fleuve Litani, que les travaux de mon pcre avaient détourné ´r travers la montagne du Sud, vers Jezzine, ou je n'ai retrouvé que le spectre de l'enfant que j'ai été et le bruit ténébreux du temps.t
Richard Millet. -
Soixante-dix fois Richard Millet s'exerce à l'art du portrait, portraits de jeunes filles, parfois simplement inspirés par le nom : Carine «son vieil or mat», Maud «syllabe close d'un beau mauve», Gisèle «son prénom m'a longtemps caché son visage». Chaque portrait dévoile, à partir d'un événement fortuit, l'essence de ces jeunes filles et de la beauté.
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"Quelque chose s'achève, que je suis encore incapable de mesurer mais dont l'obscur mouvement en moi fait entendre sa rumeur. Je ne serai pas un écrivain français : j'écris ce récit ; je le mènerai à bien ; ensuite je me tairai dans cette langue, moi qui suis pourtant né dans un nom français, Butte, Montana, 1 742 mètres d'altitude. Je reprendrai de la hauteur. Je m'élèverai au-dessus de la langue française que j'aurai sans doute mieux aimée que les Français, qui la négligent, commencent même à l'ignorer, tombent dans le puits où ils s'oublient, comme tous les peuples d'Europe. Je reviendrai à ma langue natale pour y vivre, aimer, mourir. Je dirai la vérité sur mon amour pour Rebecca. Je serai un écrivain américain, c'est-à-dire un homme sans nostalgie."
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Les écrits. No. 130. Novembre 2010
Marie-andrée Lamontagne, Yvon Rivard, Roland Bourneuf, Fernand Ouellette, Richard Millet, Michel Van schendel, Pau
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 14 Octobre 2015
- 9782924558133
On ne se console pas de la disparition d'un écrivain, penseur et humaniste comme Pierre Vadeboncoeur, dont la brusque absence est une présence redoublée. Se joignent ici les voix de Pierre Ouellet, Marie-Andrée Lamontagne, Yvon Rivard et Roland Bourneuf, pour lui rendre hommage. Les écrits honorent également la mémoire d'un autre grand absent, Michel van Schendel, dont on peut lire un bref récit poétique, La nuit humaine. Les pages de ce numéro font aussi place à des textes inédits de grands écrivains de réputation internationale : Marcel Moreau, Richard Millet et Yves di Manno. Enfin, cette édition est traversée par les oeuvres de l'artiste canadien d'origine roumaine Peter Krausz.
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Revue des Deux Mondes octobre 2016
Ran Halevi, Robert Kopp, Camille Laurens, Olivier Cariguel, Frederic Verger, Richard Millet, Jean Clair, Michel Delon, J
- Revue des Deux Mondes
- 26 Septembre 2016
- 9782356501431
Dossier : La nostalgie du roi
-> La monarchie, figure symbolique ou figure gouvernante par Philippe Raynaud Philippe Raynaud analyse les ressorts qui font aujourd'hui vivre le système monarchique dans les pays européens. L'institution royale s'inscrit dans une continuité. La réinstallation du roi en France paraît de ce fait peu probable pour l'historien.
-> Emmanuel Le Roy Ladurie : « La France a réussi une synthèse entre les deux traditions nationales »
De Hugues Capet à Louis Philippe, l'historien Emmanuel Le Roy Ladurie nous présente les rois qui ont construit l'État moderne tel qu'il subsiste encore au XXIe siècle.
-> De la monarchie absolue à la monarchie impossible par Jean-Christian Petitfils L'État français moderne naît au lendemain des guerres de religions, affirme l'historien Jean-Christian Petitfils. Son émergence correspond à l'instauration de l'absolutisme.
-> La « monarchie républicaine », une vieille tradition française ? par Jacques de Saint Victor L'histoire républicaine a, en France, de profondes racines. Les premières tentatives politiques pour contrebalancer la puissance royale date du Moyen Âge.
-> Le drame des premières dames françaises par Stéphane Bern
À la différence de certaines reines, qui jouèrent en France un rôle politique majeur, les premières dames de la Ve République ont beaucoup de mal à s'imposer. Stéphane Bern explique pourquoi.
-> Et aussi Sébastien Lapaque, Robert Kopp, François-Marin Fleutot, Jean-Pierre Naugrette et Marin de Viry.
Littérature
-> Inédit. Camille Laurens : Vaine
Camille Laurens se souvient d'une rencontre avec l'artiste ORLAN. Son texte drôle et triste raconte l'abandon, le féminisme, la difficulté à communiquer.
-> Extrait. Frédéric Mitterrand : Milada
En novembre paraîtra aux éditions Robert Laffont Mes regrets sont des remords. La Revue des Deux Mondes publie, en avant-première, un extrait.
-> Extrait. Jean Clair : « Les oeufs d'or. Journal »
Études, reportages, réflexions
-> Extrait. Régis Debray : « Que faut-il entendre par sacré ? »
Régis Debray poursuit sa réflexion sur la place de la transcendance et des croyances dans notre société moderne. En exclusivité, un extrait de son nouvel ouvrage, Allons aux faits. Croyances historiques, réalités religieuses (Gallimard/France-culture) -
Dernier homme, déclin de l'Occident, meilleur des mondes, règne de la quantité, de la technique, crise de la culture, homme unidimensionnel, société de consommation ou du spectacle, désenchantement du monde, ère du vide, de l'éphémère ou du moindre mal, condition postmoderne, homo festivus, etc. Comment, après tant de formulations heureuses mais récupérées par le culturel et l'antiracisme, et sans tomber dans la nostalgie, comment nommer ce monde nouveau, ce cauchemar posthumaniste, ce totalitarisme light ? Peut-être est-il trop tard. Au moins ne serons-nous pas dupes d'une stratégie globale qui inscrit le monde dans une horizontalité toujours plus large et fade, dépourvue de relief, de hiérarchie, de verticalité, de goût, de mémoire.
Autant d'arguments en faveur d'un désespoir qui soit un surcroît de lucidité. -
Une femme se rappelle l'enfant qu'elle a été, au bord de la mer Rouge et sur les hautes terres limousines, la chaleur et l'hiver, la solitude, l'abandon, la désastreuse union de ses parents, sa fuite à travers le plateau de Millevaches, sur un cheval imaginaire, à la recherche de son père, comme un errant de roman russe, comme tous les enfants perdus en quête de cette joie simple et difficile qu'est l'amour filial.
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Carnet de croquis, journal, méditation? Peu importe, car tout ce qui se lit dans ce texte s'entend musicalement et ces notes sur le désir sont aussi bien de musique. D'ailleurs une allusion à Mozart annonce d'emblée l'air du catalogue qui pourrait suivre. Mais il ne s'agit pas de cela : anonymes ou nommées, si tant de femmes ici traversent le champ magnétique du désir c'est qu'un geste, l'intonation d'une voix, un seul regard suffisent parfois à l'embrasement. Et si la dimension érotique de ce livre, son extrême sensualité sont évidentes, il est aussi une réflexion toujours relancée au gré des émotions et des surprises de l'amour. Il est une recherche, la tentative d'élucider le mystère des corps et de leur étreinte. Il va, loin de tout discours, procédant par éclairs, par illuminations, fouiller au plus profond de cette obscurité du vivant qui aime.
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Faut-il se lamenter sur le sort du roman français, quasiment absent de la scène internationale ? Pas si sûr quand on mesure à quel niveau d'abêtissement conduit le roman dit " international ". Ainsi Umberto Eco n'a-t-il pas hésité à " réécrire " Le Nom de la rose à L'intention des lobotomisés du Culturel : suppression des citations latines, passages amputés des descriptions, appauvrissement du vocabulaire. Un processus de vulgarisation où seul subsiste le scénario, en attendant le video game. Ce qu'on appelle encore " roman " est ainsi devenu le lieu même de la destruction de la langue et de la littérature. La tiers-mondisation culturelle de la France le proclame de toutes parts. Et quand, à la mise à mort de la littérature, s'ajoute la négation de l'idée de nation, n'est-ce pas au néant qu'on donne droit de cité ? Ainsi, le massacre perpétré par Anders Breivik, en Norvège, loin de constituer l'acte d'un homme seul, encore moins celui d'un aliéné, renvoie les politiques et agents " culturels " au miroir d'une société qui, par-delà le scénario " multiculturaliste ", a choisi de renoncer à toute communauté de destin, à ses racines vivantes, chrétiennes, donc littéraires.
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Deux hommes, maître et serviteur (mais qui est le maître et qui le serviteur?) viennent en France, chargés de choisir les livres qui permettront de reconstituer la bibliothèque de leur pays, la Presqu'île, que vient de déchirer une révolution. L'aventure se termine en prison pour le serviteur qui raconte sa double histoire à un scribe. Entre la culpabilité et l'innocence, une quête de la pureté et l'aventure affective et politique du couple maître-esclave.
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Sandra, la narratrice effacée, simple lectrice d'un récit dont elle fut le témoin, rapporte l'amour de Laura Mendoza et de son professeur de lettres, Marc Fournol. Ce professeur pousse Sandra à prendre la parole pour l'aider à surmonter la médiocrité de son propre récit, qui acquiert, par cette mise en abyme, une profondeur et dévoile une réalité à valeur quasi documentaire sur la vie de ces jeunes exilées latino-américaines à l'image de Laura Mendoza. «Pendant une année, j'ai regardé naître, croître et finir ce qu'il me faut bien appeler un amour - dans une distance qui fut, pour Laura comme pour moi, la plus singulière des proximités. Nous n'avons peut-être cherché qu'à saisir ce qui se dérobait, elle dans une sorte de jeu d'une douceur parfois cruelle, et moi dans le trouble, l'émerveillement et, pour m'en délivrer, l'écriture.»