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Danièle Sallenave
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""Rue de la Justice", telle fut la dernière adresse d'une de mes arrière-grands-mères dans une petite ville des bords de Loire où elle travaillait sur un bateau-lavoir. Toute sa vie, elle conserva sur sa cheminée une gravure des obsèques nationales de Victor Hugo. Symbole de la confiance en la toute jeune république des "gens d'en bas", de leur soif de progrès, d'instruction et de justice.
Tout le monde aujourd'hui se dit républicain mais la république a cessé d'être une promesse. Cette confiance pourrait-elle renaître ? Dans le récent mouvement des Gilets jaunes, il m'a semblé reconnaître le désir de reconnaissance et de dignité de ceux qui m'ont précédée. Faisant retour vers ces anonymes oubliés, émue par leur courage, attentive à leur leçon, j'ai cru pouvoir imaginer des réponses à l'insatisfaction générale et au besoin actuel de refondation."
Dans ce vivant portrait d'une femme simple et déterminée, Danièle Sallenave fait entendre une conviction tenace : il y a de l'avenir dans ce passé-là. -
"Tout le monde aujourd'hui se dit républicain. Mais de quelle république s'agit-il? Pour saisir l'"idéal républicain" dans sa grandeur, mais aussi dans ses contradictions et ses aveuglements, je suis allée l'interroger sur les lieux mêmes où il m'avait été transmis par des parents instituteurs. L'ouest conservateur et clérical de l'Anjou, encore marqué par la guerre de Vendée.
Comment construire aujourd'hui une république juste, sociale, post-coloniale? Je la vois placée sous le signe de l'églantine rouge, autrefois fleur du 1&ersup; Mai ouvrier, chassée par le muguet sous Vichy."
Danièle Sallenave. -
«Il y a ce que disent les Gilets jaunes. Il y a surtout ce qu'ils révèlent. Cette manière de parler d'eux, dans la presse, les médias, les milieux politiques, sur les réseaux sociaux ! Une distance, une condescendance, un mépris.» Danèle Sallenave
Au miroir du mouvement des Gilets jaunes, l'élite politique, intellectuelle, culturelle a laissé voir son vrai visage. Début janvier 2019, le président promet d'éviter ces «petites phrases» qui risquent d'être mal interprétées, mais il rechute aussitôt. Les médias ne devraient pas, dit-il, donner sur leurs antennes «autant de place à Jojo le Gilet jaune qu'à un ministre».
Ainsi se révèlent l'étendue et la profondeur de la fracture qui sépare les «élites» des «gens d'en bas». Fracture géographique, économique, politique et sociale. Et surtout fracture culturelle, entre les habitants des grandes villes, et tous les autres.
La violence et les embardées de langage de quelques-uns ont jeté le discrédit sur les Gilets jaunes. Il ne faudrait pas qu'une élite, assurée de sa légitimité, en tire argument pour occulter la force d'un mouvement qui a fait entendre une exigence de justice et d'égalité, parfois confuse, mais toujours profondément démocratique. Retrouvant ainsi l'inspiration des grands sursauts populaires qui ont marqué notre histoire. -
Parole en haut silence en bas
Danièle Sallenave
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 21 Janvier 2021
- 9782072942198
"Jamais je n'ai eu autant besoin de connaître l'opinion de mes concitoyennes et concitoyens. Jamais je n'ai eu autant besoin de partager avec eux mes interrogations. Sur les attentats, leurs causes, leurs motivations. Sur les caricatures de Mahomet, aussi, disons-le franchement."
L'Innombrable, c'est celui qui ne profite pas de la fameuse liberté d'expression devenue la valeur majeure de la République. C'est celui à qui elle ne s'applique pas. Qui porte un invisible bâillon. Un des noms de ce bâillon est : légitimité. C'est très compliqué, cette question de l'accès à la parole, orale, écrite. De se sentir légitime, ou interdit. Qui la donne, la légitimité ? Et comment vit-on l'illégitimité ? La vraie inégalité est là. Entre ceux qui ont un accès à la parole et ceux qui ne l'ont pas. -
Dictionnaire amoureux : de la Loire
Danièle Sallenave
- Plon
- Dictionnaire amoureux
- 27 Mars 2014
- 9782259227483
Mille kilomètres de parcours et deux mille ans d'histoire : plus qu'un fleuve, la Loire, est une civilisation. Mille kilomètres de parcours et deux mille ans d'histoire : la Loire est plus qu'un fleuve, c'est une civilisation. Charles d'Orléans, Du Bellay, Balzac, Maurice Genevoix, Julien Gracq et tant d'autres ont dit la douceur de son climat, ses étendues de sables blonds et la violence de ses crues. De la conquête romaine à l'occupation allemande en passant par la guerre de Vendée, la Loire a tout connu, tout surmonté.
Sa grande époque est la Renaissance, où le Val de Loire prend cette figure splendide que l'Unesco a classée en 2000 dans son patrimoine mondial.
Des montagnes de l'Ardèche aux schistes de Bretagne, dans l'alliance unique d'un paysage, d'une architecture et d'un art de vivre épicurien hérité de Rabelais, c'est le creuset de notre langue et notre histoire.
La Loire est une passion française, une composante majeure de notre identité. -
"Sibérie en russe c'est "Sibir", du nom d'un petit royaume mongol défait par les Russes après la victoire d'Ivan le Terrible en 1552 sur les tatars de Kazan. Symbole et départ d'une conquête et d'une colonisation de la Sibérie qui durera des siècles. Située en Asie par la géographie, la Sibérie appartient à l'Europe par l'histoire et par la civilisation. L'Europe ne s'arrête pas à l'Oural.
Comment cela s'est imposé à moi, je le raconte jour après jour, tandis que sous mes yeux s'étire un paysage de forêts, de campagnes désertées, de grands fleuves, de villes géantes, de gares monumentales.
Le printemps explose sur la trace enfouie des anciens goulags. Et le Transsibérien pousse l'Europe devant lui à travers dix mille kilomètres et neuf fuseaux horaires. "Sibir! Sibir!" chuchotent les roues."
Danièle Sallenave. -
Comment vivre? Connaître de vrais accomplissements, être libre, et heureux? Et si l'on n'y parvient pas, qui en est responsable? Le travail, la famille, la province avec ses lenteurs, sa régularité et cette façon d'être comme loin de tout? Pris dans les contrats et les contraintes d'une vie familiale réglée, Pierre croit avoir trouvé en Laure la figure d'un amour idéal propre à résoudre toutes ses insatisfactions. Et Laure, dans son extrême jeunesse, répond avec élan à la passion de Pierre : ils connaissent ensemble des après-midi secrètes, des moments charnels très forts et les joies équivoques de la clandestinité. Ont-ils, enfin, rencontré la «vraie vie»? Ou sont-ils condamnés à ne connaître toujours, en fin de compte, qu'un simulacre de vie, une vie fantôme?
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Ce couple n'est pas, en apparence, de ceux qui n'ont plus rien à se dire. Entre l'homme et la femme, la parole circule, vive, jamais plus animée que lorsqu'elle touche à des futilités : la qualité du beurre et d'une soirée, la manière d'accommoder les oeufs. Menée sur un rythme vif, plus agressive souvent que tendre, la conversation aborde parfois des zones plus dangereuses : le mariage, la nature de leur union, l'amour, le désir. Mais un sûr instinct les pousse, l'un et l'autre, à s'en détourner rapidement. C'est elle qui veut parler ; c'est elle qui pique l'autre et relance l'échange. Une inquiétude visiblement la mène. Mais dans l'usage qu'elle fait de la parole, il semble que quelque chose cherche non à se montrer, mais à se cacher ; non à se dire, mais à se taire. Seul le bruit des mots parvient à masquer ce qui, dans le silence, risquerait de se faire entendre : la vérité insupportable qu'entre eux l'amour a peut-être disparu.
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Le voyage d'Amsterdam
Danièle Sallenave
- Flammarion (réédition numérique FeniXX)
- Digraphe
- 7 Décembre 2018
- 9782403029918
Couchée, dans la nuit, une femme : elle ne dort pas, elle imagine elle rêve, elle se souvient : autour d'elle, des livres, des photographies, des images sur les murs de sa chambre : la fenêtre ouverte, les bruits de la nuit, et la ville endormie, rougeoyante, confuse. Elle se souvient, elle rêve, elle imagine, elle invente peut-être l'amant, l'amante, se cherchant, se trouvant, errant ensemble par les rues des villes ; les corps, échangeant leurs formes, leurs rythmes, leurs substances ; les voix, se mêlant dans la nuit ; les saisons, se pliant et se prêtant à leurs désirs ; et la ville tout entière, dans ses métamorphoses, comme le lieu et la métapho même du commerce amoureux.
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Rome
Danièle Sallenave
- Autrement (réédition numérique FeniXX)
- L'Europe des villes rêvées
- 25 Janvier 2019
- 9782403036282
Au coeur de notre mémoire et de nos curiosités présentes émergent des lieux uniques, symboles d'un art de vivre, bouillonnants d'images et d'émotions : des villes en Europe. Des villes, comme autant de coups de foudre, qui incitent au rêve, au voyage, aux aventures esthétiques et sentimentales. Conçus pour des voyageurs sensibles aux ambiances, à la séduction des lieux et des mots, ces guides intimes sur les villes les plus romantiques d'Europe veulent être de véritables compagnons de lecture et de découverte.
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Tracts de Crise (N°04) - La teuf et le virus
Daniele Sallenave
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 19 Mars 2020
- 9782072909399
« Ne surestimons pas le « goût » moderne et juvénile de la fête : ce n'est qu'une version appauvrie des grands débordements dionysiaques, et des déchaînements transgressifs célébrés par Georges Bataille. Et les événements récents nous ont montré son revers faux et dangereux. Que « le goût de la fête » était l'autre nom et le paravent de l'inconscience. La face aimable d'un monde d'égoïsmes sombrement crispés sur le « moi d'abord et que le reste périsse ». Danièle Sallenave
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Carnets de route en Palestine occupée
Danièle Sallenave
- Stock (réédition numérique FeniXX)
- 23 Octobre 2015
- 9782234106437
Fin novembre 1997, je me suis rendue dans quatre des sept villes des territoires occupés, devenues autonomes par application des accords d'Oslo. En sillonnant les routes de Jérusalem au Jourdain, et de Naplouse à Gaza, en écoutant des témoignages, plus tard en relisant l'histoire de ce pays, j'ai découvert une réalité que je m'étais employée à nier depuis toujours, et j'ai compris qu'il était temps d'en finir avec un aveuglement consenti. Petit à petit, je voyais s'effondrer, non sans douleur et sans déchirement, un système d'affirmations rassurantes, répétées, et souvent légitimes - l'audace du peuple juif, la nécessité de sa sécurité. Et, derrière elles, se profiler l'existence d'un peuple, le peuple palestinien, de sa terre - terre ancienne, habitée, nourrie de cultures, de religions, d'influences arabes, chrétiennes, juives. La cause palestinienne a été trop souvent le prétexte, ou l'alibi, d'un retour de la judéophobie. Mais l'indispensable mémoire de l'Holocauste aurait-elle jamais dû servir à masquer les épreuves subies, depuis des dizaines d'années, par le peuple palestinien, et à justifier la politique menée par Israël dans la partie occupée de la Palestine ?
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La vie des grands hommes appelle le témoignage, excite la mémoire, attise la piété - mais celle des hommes ordinaires? Elle ne laisse pas de traces : obscure, anonyme, semblable à des milliers d'autres, à peine s'est-elle éteinte qu'elle est effacée, et nul n'en réveillera le souvenir. Par le hasard d'un congé forcé, un homme jeune rend pendant un mois visite à son grand-oncle. Tout les sépare, mais la parenté a tissé entre eux des liens diffus. Le vieil homme parle ; le jeune homme le photographie, le regarde et, le questionnant, s'étonne. Qu'a donc fait de sa vie ce vieil homme muré dans la sphère étroite d'une existence dont rien n'est venu l'arracher, qui n'a connu ni les livres ni les voyages et qui à l'extrême bord de sa vie, ne semble éprouver ni inquiétude ni regrets, mais seulement un muet assentiment au grand ordre des choses? Il n'est rien, ni personne, et il le sait. Mais il est là, pour quelque temps encore. Il se tient très droit dans son fauteuil, il fixe sur l'objectif son oeil rond et malicieux.
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Paysage de ruines avec personnages
Danièle Sallenave
- Aubier (réédition numérique FeniXX)
- Digraphe
- 25 Janvier 2019
- 9782403040364
Paysage de ruines avec personnages est une longue méditation sur la mémoire et la mort, un long parcours archéologique immobile, où ce qui se donne comme "culture occidentale" avec ses foyers (l'Italie, la Grèce), ses sites, ses livres, ses oeuvres, ses villes, défile silencieusement au long des couloirs et des salles d'une sorte de musée imaginaire, dépôt ancestral des restes d'une civilisation sur le point de disparaître avec ses fragments, ses bustes, ses tessons, ses pans de ruines détruits repris par la nature. Détour par les anciennes allées du corps de la culture, de la mémoire, qui sont aussi celles de l'enfance (les premiers livres, les textes de version latine), ce parcours obligé n'est pas sans analogies avec celui que l'analysant refait à travers les paysages oubliés et les traces archaïques de psychè.
En un sens, il s'agit donc d'une autobiographie; mais non pas comme on l'entend d'ordinaire : car la voix qui parle ici est une voix plurielle, un nous plus souvent qu'un je, qui ne se constitue et ne se connaît qu'au carrefour des mots, des signes, des textes, des sites : comme une archive, immense, hétéroclite poussiéreuse - comme une bibliothèque - comme un musée de province. De là l'ambiguïté fondamentale d'un livre qui se prend et se déprend aux leurres multiples d'une galerie d'images et de miroirs ; de là ce renversement permanent, baroque, des valeurs et des pôles : car, ou bien le détour est fuite, et retard face aux exigences historiques, politiques ; ou bien il est au contraire ce nécessaire travail de la mémoire, personnelle et collective, grâce auquel peut s'effectuer à l'écoute d'une langue quasi morte (la nôtre pourtant) le "plus court retour" au temps présent.