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Du Tibet à l'Albanie, du Pakistan à la Mongolie et à travers toute l'Eurasie, Cédric Gras interroge le voyage. Rite de passage pour la jeunesse occidentale dont il faisait partie. Âge d'or de l'exploration d'un monde qui l'a fait rêver, mais que sa génération a trouvé transfiguré. Le voyage est aussi synonyme d'aventure, de poésie, de solitude ou de l'étude d'une langue. Comment redécouvrir la Terre au xxie siècle ?
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Cédric Gras aime la Russie et les climats difficiles. Après Vladivostok et Donetsk, le voici embarquant au Cap, direction l'Antarctique. L'
Akademik Fedorov, bateau hérité de l'ère soviétique, doit assurer le ravitaillement des bases de Progress et Mirny, déposer les candidats à l'hivernage et récupérer l'équipe qui vient de passer un an à Vostok. Durant trois mois, Cédric Gras a partagé le quotidien des passagers du brise-glace, scientifiques, marins et techniciens en partance ou de retour. Il a vécu aux côtés des Poliarniks, ces hommes sélectionnés pour leurs capacités physiques, leur sang-froid face aux dangers. Ces hommes qui, enfants, rêvaient soit d'aller dans l'espace, soit de partir en Antarctique. Car la Russie a ceci de particulier que ses aventuriers en herbe rêvent d'étoiles ou de grand froid. Ces hommes qui, durant de longues années délaissent leur famille pour le pôle et mènent parfois une double vie (une femme à terre et une à bord). Embarquer pour l'Antarctique, c'est pour eux l'occasion de découvrir le monde, loin des contrées de Russie : Singapour, l'île Maurice, Le Cap, Hobbart.
Et la mer des Cosmonautes ? C'est celle des Poliarniks, située près du continent antarctique, et qui leur offre ses paysages lunaires depuis le pont de l'
Akademik Fedorov. -
« À l'hiver 2014, dans une Ukraine survoltée, la foule furieuse se mit à dézinguer toutes les idoles communistes. Elle détruisait les plâtres, les granits, les bronzes, la fonte, les effigies, elle abattait les grands Lénine, les petits, les statues où il montrait la voie (sans issue). Elle cognait le spectre d'une URSS qui la hantait. Elle défoulait sa haine contre les fantômes soviétiques, taillant tout cela en pièces et veillant jusqu'à l'aube, comme si les sculptures avaient eu le pouvoir de se redresser à la faveur de la nuit. Et d'une certaine manière c'est ce qui arriva : l'empire fut ravivé. »Entre guerre civile et mines d'anthracite, deux amis d'enfance traversent leur Donbass natal dans un road-trip tragi-comique. Une grande épopée contemporaine
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C'est à un joyeux exercice de « géographie narrative » que nous invite Cédric Gras. Une pérégrination glacée aux confins de l'extrême orient russe où, six semaines durant, il a arpenté le pays de l'« avenir lumineux » à la poursuite d'un automne sans fin. À trois reprises, entre les 56e et 43e degrés de latitude nord, entre Irkoutsk et Vladivostok, la « chasse aux feuilles rouges » a scandé et guidé ses pas. Chemin faisant, il a remonté le cours du temps et côtoyé les Bouriates et les Manchous jadis égarés en ces contrées où « on mourrait d'y résider ». Il a dialogué avec les fantômes encombrants d'un passé marqué à l'enclume d'un goulag inavouable et échangé avec une population éthique abandonnée par le grand cycle de l'histoire.
Au coeur de la Yakoutie, le long des rives du fleuve Amour, au plus loin de l'île de Sakhaline, il a surtout emboîté le pas de Joseph Kessel et Blaise Cendrars eux-mêmes égarés un temps dans cet Eldorado rêvé, taches blanches définitives d'une littérature qui ne supporte rien moins que les frontières bornées.