Quand il n'écrit pas des histoires, g@rp relit celles des autres. Les miennes, par exemple : depuis trois ans, avec un mélange de bonhommie et de précision maniaque, il traque, repère et souligne d'écarlate. Le genre de good cop sur lequel on est content de tomber dans le désert. Celui, aussi, à qui on la fait pas. L'oeil pétille, la moustache frise, les touches crépitent. g@rp est l'homme des chutes calculées, des mots qui rattrapent et des détails qui tuent. Ses histoires évoquent une Amérique intensément fictionnelle, peuplée de dingues durs, d'acteurs à la dérive, de crotales et de harpies. Les paysages, les acteurs, l'intrigue, y sont expédiés à l'ancienne : plaqués contre un mur, un flingue sur la tempe, sommés de lire leur texte sans cesser de sourire. C'est un royaume qui fleure bon la poussière et le sang chaud, un décor de portes branlantes et d'âmes déglinguées. Les enseignes y clignotent comme dans un film de Lynch : Good news for people who love bad news. Les mots ? Des balles à tête chercheuse, mais c'est vous qu'ils trouveront. L'Amérique des fictions, vous dis-je. La seule et la vraie. Accoudé au comptoir, aussi énigmatique et tristement bienveillant qu'une figure de Hopper, g@rp désigne un rideau dans la salle du fond. Écarlate, le rideau. Évidemment, il ne tient qu'à vous d'aller jeter un oeil. Mais n'oubliez surtout pas le guide. - Préface de Fabrice Colin
La chambre ressemble à une porcherie, et en pensant ça je me dis que c'est pas qu'une impression, il y a trop de faisceaux de preuves, comme ils disent dans les séries télés que se tape Clint depuis qu'on s'est installés au Motel de l'Autre Monde - j'invente rien, c'est son enseigne.
D'ailleurs, j'avais tiqué en déchiffrant péniblement les néons qui clignotaient minimum qu'un coup sur deux, en plus, il leur manquait des lettres, les autres grésillaient comme une chaise électrique, à croire que l'autre monde, c'était pas la peine d'aller le chercher bien loin, on était en plein dedans.
Merde ! avait sifflé Sean, on se croirait dans un Stephen King !
J'avais haussé les épaules mais fallait quand même reconnaitre qu'il avait pas franchement tort.